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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


Lu dans l'Huma-Dimanche

Publié par prs 57 sur 5 Septembre 2007, 10:11am

Catégories : #école

Mettre les élèves en concurrence aggrave les inégalités

École maternelle, nombre d’élèves en classe, suppression de postes et salaire des enseignants : Gérard Aschiéri, secrétaire général de la FSU, aborde les questions de la rentrée et les décisions gouvernementales.

 Que se passe-t-il cette rentrée ?

G. A. La rentrée scolaire ne se fera pas sur les bases programmées par le précédent gouvernement. Plusieurs éléments importants marquent des ruptures partielles : l’abrogation de l’apprentissage junior et du décret Robien qui devait s’appliquer cette rentrée. Nous considérons que ce sont des reculs à mettre au crédit des luttes menées. En même temps, les décisions budgétaires vont peser sur cette rentrée. Le gouvernement actuel n’a absolument pas corrigé les choix du précédent. Le déficit en moyens va continuer à s’accentuer, avec la perspective qu’en 2008 ce soit encore plus fort.
Le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, vient d’annoncer la suppression de 11 200 postes, dont 8 000 enseignants. C’est moins que les chiffres envisagés auparavant, mais la baisse reste considérable.

 Qu’est-ce qu’on peut prévoir concrètement ?

G. A. Les suppressions de poste touchent sensiblement la capacité du service public d’éducation à fonctionner, notamment dans les zones les plus en difficulté. La maternelle, notamment en dessous de trois ans, va être touchée. Globalement, dans tout le système éducatif, les effectifs des classes s’alourdissent : il y a des lycées où l’on va largement dépasser les 35 élèves par classe. On peut s’attendre aussi à une réduction de l’offre d’éducation, notamment pour les langues vivantes et la carte des options dans les lycées professionnels. De plus, dans la lettre de mission de Nicolas Sarkozy à Xavier Darcos, il y a la perspective de la suppression de la carte scolaire et d’une baisse des horaires d’enseignement. L’idée, c’est de supprimer des enseignements notamment artistiques et sportifs, et de les remplacer par des « activités ». Quant aux personnels, il y a une dégradation de leurs conditions de travail et pas la moindre augmentation du pouvoir d’achat. Aujourd’hui, le salaire moyen d’un enseignant est à peu près de 65% du salaire moyen d’un cadre dans le privé à qualification égale.

 À travers toutes ces mesures, qu’est-ce qu’on voit se dessiner comme projet global pour l’école ?

G. A. Ce qui se dessine aussi bien sur la carte scolaire que sur la concurrence entre les universités, c’est une conception très libérale : une vision de l’école fondée sur l’idée que c’est d’abord la concurrence qui fait l’efficacité. Le gouvernement affiche des objectifs ambitieux qui sont justes et que nous partageons. Mais pour y parvenir, la voie de la concurrence nous paraît contradictoire. Dans un pays comme le nôtre, cette voie risque plus d’accroître les inégalités que de permettre à tout le monde de tirer dans le même sens. Pour nous, ce sont les notions de service public et la collaboration qui font l’efficacité.

 Que comptez-vous faire ?

G. A. La politique qui est menée mérite une réaction. À la date à laquelle je vous parle, je ne sais pas quelle forme elle prendra. Nous devons nous demander comment créer des mouvements de masse, qui impliquent aussi les parents d’élèves, les jeunes… En juillet, les cinq principales fédérations de l’éducation nationale se sont rencontrées et se sont donné comme perspective une action d’ampleur dans le courant du premier trimestre notamment sur les suppressions de poste. Un premier échange aura lieu en septembre, avec aussi les parents d’élèves et les syndicats lycéens et étudiants. On veut prendre le temps de construire. Il faut également tenir compte de l’ensemble du contexte social : au-delà de l’éducation, le mouvement syndical français devra se poser la question d’actions unitaires sur les grandes questions sociales. La politique qui nous est préparée est tout sauf une politique qui répond à nos problèmes et qui va être favorable aux salariés.

 Pour vous, quelles sont les mesures à prendre pour répondre aux problèmes qui se posent ?

G.A. L’urgence concerne l’éducation prioritaire. Quand on demande des moyens, on ne demande pas de les saupoudrer partout. La donnée la plus généralement corrélée à l’échec scolaire, c’est la situation sociale : je ne prétends pas que l’école seule peut tout résoudre mais je pense qu’il y a des choses à faire. Cet effort implique aussi la capacité de faire évoluer l’enseignement : pouvoir travailler beaucoup plus en équipe, avoir des suivis plus individualisés pour certains jeunes, avoir des pratiques innovantes d’enseignement. Sur le moyen terme, un chantier important est de retravailler les contenus d’enseignement, pour voir s’ils sont toujours adaptés à notre temps et comment ils s’articulent entre eux. Il ne s’agit pas de faire disparaître les disciplines, mais de permettre l’interdisciplinarité. Il y a un énorme travail à faire sur la durée. On ne résoudra pas les problèmes du système éducatif d’un coup de baguette magique.

 Entretien réalisé par Éléanor Moody

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