Courez vite voir "La raison du plus faible"

                                        
On n'a pas oublié l'éblouissant tryptique de Lucas Belvaux (Un couple épatant/ Cavale/ Après la vie). Il nous raconte cette fois une histoire de braquage, inspirée d'un fait-divers belge.

Un père de famille, chômeur surdiplômé, organise un hold-up pour offrir une nouvelle mobylette à sa femme. Sûrement aussi pour se venger d'une société qui ne lui a pas donné sa chance. Le film, c'est l'histoire de ce casse, à travers les portraits de 3 gangsters improvisés. On pense irrésistiblement à Ken Loach, à Robert Guédiguian aussi, dans la dénonciation sans complaisance de la réalité sociale d'un monde ouvrier bloqué dans ses progrès, dans ses engagements déçus. Dénonciation également des dévastations de l'ultralibéralisme débridé sur la vie, l'avenir des "plus faibles", justement. Dénonciation encore du manque évident de projet politique porteur d'espoir. Dénonciation enfin de la violence d'un monde avide qui amène inexorablement au repli sur soi, à l'impasse de la délinquance. Quelques moments de franche gaieté aussi, scènes de bistrot, découverte des armes... Tout n'est pas noir chez Belvaux, et transparaît largement sa tendresse pour ce milieu ouvrier dont il vient. Pour autant, rien n'est rose, non plus, et l'horizon se révèle bien bouché, comme un ciel lorrain ou nordiste...

  "La raison du plus faible, c'est celle qui amène à se redresser, à dire qu'on existe." (Lucas Belvaux. Juillet 2006) Et peu importe la méthode, semble ajouter son film.

PRS 57