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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


allons à grenelle, pêcher...

Publié par prs 57 sur 9 Décembre 2007, 00:00am

Catégories : #prs57

Rions un peu…

Par Chrisitian Authier, journaliste et écrivain.

Les nouveaux accords de Grenelle signent le mariage de l'écologie et de l'économie pour des perspectives pleines de promesses…

Grenelle de l'environnement, disent-ils. Soit. Mais un peu d'histoire s'impose pour la jeunesse. L'intitulé de ces vastes débats et rencontres autour des enjeux écologiques fait allusion aux accords de Grenelle négociés les 25 et 26 mai 1968 par le gouvernement Pompidou, les syndicats et les organisations patronales. Conclus le 27, ils aboutirent notamment à une augmentation de 25 % du salaire minimum et à une baisse du temps de travail. De fait, les accords de Grenelle marquèrent la fin du mouvement de mai 68 ainsi que le sacrifice de ses revendications libertaires et révolutionnaires sur l'autel de la raison économique et sociale. Car les ouvriers en grève – à l'inverse des étudiants et des gauchistes essentiellement issus de la bourgeoisie – voulaient d'abord du pouvoir d'achat et de meilleures conditions de travail, non la remise en cause d'une société qualifiée justement «de consommation» ou d'un ordre politique dominé par le gaullisme et le communisme (la SFIO était alors moribonde et le PS n'existait pas). Dans la foulée des accords de Grenelle, les Français allaient profiter des derniers feux des Trente Glorieuses au grand dam des plus enragés des soixante-huitards auxquels Marcel Jouhandeau avait lancé : «Vous finirez tous notaires !» Publicitaires, journalistes ou patrons, eut été plus exact, mais c'est une autre histoire.

Ce bref rappel pour éclairer le curieux «parrainage» de notre grand forum sur les questions écologiques placé donc symboliquement sous le signe de la consommation et du pouvoir d'achat. Nous sommes ainsi passés chez nous au «Grenelle de l'environnement» en sautant la case «mai 68 de l'environnement» et l'on voit aujourd'hui un gouvernement de droite mettre en place une réflexion et une batterie de mesures (inoffensives mais visibles) qu'aucun autre gouvernement n'avait osé initier. La faute à nos écologistes professionnels qui, depuis des années, noient leur message environnemental sous les engagements politiques dont on ne cerne guère l'enjeu écologique (voir, par exemple, l'enthousiasme de nombre de Verts lors des bombardements de l'OTAN - assez peu respectueux de la nature et des humains - sur la Yougoslavie en 1999…).
De manière plus générale, on a entendu nos boutiquiers politiciens écolos à propos des sans-papiers, du mariage homosexuel ou des marchandages électoraux avec le PS. Rarement à propos de l'écologie. Nulle surprise alors à ce qu'un employé de TF1 et de Rhône-Poulenc, M. Hulot, les ait supplantés médiatiquement et politiquement le temps d'une campagne présidentielle… Quant aux écologistes les plus radicaux, type arracheurs d'OGM, ils sont tout aussi pathétiques. Ces arrachages, certes illégaux, peuvent se légitimer à condition que leurs auteurs assument leurs actes, ne pleurnichent pas ensuite devant les journalistes et les juges tout en quémandant des grâces présidentielles.

Qui a éteint les lumières ?
Face à ce désert écologique, une nouvelle race d'écolos a surgi : people, artistes, leaders d'opinion, voire même un ancien numéro 2 (Al Gore) de l'un des pays les plus pollueurs de la planète… Dans la droite ligne de cette écologie-spectacle s'inscrit le grand Barnum du Grenelle de l'environnement. Au terme de multiples et médiatiques débats, le gouvernement a présenté un catalogue de bonnes intentions et de promesses, parmi lesquelles la mise en place d'une taxe carbone. Mieux que rien, diront certains, mais pas grand-chose de plus que rien avec des «objectifs» très modestes : 6% de cultures bio pour les surfaces agricoles utiles d'ici 2012, suspension de la culture des seuls OGM pesticides, un repas issu de l'agriculture biologique une fois par semaine dans les cantines publiques…

À l'image de ce repas hebdomadaire «sain» perdu dans un quotidien de bouffe industrielle, on a l'impression d'assister là à une vaste opération de communication politique masquant son cynisme dans la bonne conscience affichée, comme en témoignait l'opération «5 minutes de répit pour la planète» du mardi 23 octobre appelant les Français à éteindre leurs lumières durant cinq minutes avant 20 heures… Donnant l'exemple, l'Élysée a plongé dans le noir ses couloirs, son vestibule et ses bureaux. Même la petite lumière placée sous le drapeau flottant sur le plateau présidentiel avait été éteinte…
Au-delà de ces simagrées qui font rire ou pleurer, selon l'humeur de l'instant, la morale des promoteurs et acteurs du Grenelle de l'environnement peut se résumer au bulletin de victoire annoncé par Laurence Parisot du Medef se félicitant que le raout ait permis «d'intégrer l'impératif économique et l'impératif écologique». Magnifique exemple de novlangue orwellienne que l'on rangera aux côtés du «développement durable», des «bombardements humanitaires» et autres «guerres propres» tant cet art de marier les contraires traduit la tragédie de l'époque : déplorer des maux et des conséquences dont on persiste à vouloir les causes.
Cette fuite en avant du «développement» et de la «croissance» est abordée dans le formidable dernier essai de Jean-Claude Michéa, « L'Empire du moindre mal », où l'on peut lire un extrait d'un discours de Robert Kennedy,
peu avant son assassinat, sur le PIB : «Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l'air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur la route (…) Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique (…) En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l'intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue.»
En fait, le seul discours écologiste responsable et réaliste consisterait, par exemple, à dire que lorsque deux milliards d'Indiens et de Chinois auront chacun leur voiture tandis que les enfants repus de l'Occident continueront de se promener en 4x4, il n'y aura plus besoin de Grenelle de l'environnement ni de célébrer les noces de l'économie et de l'écologie. Plus rien ne sera même nécessaire car nous serons tous morts. Eteignons donc les lumières cinq minutes et rions un peu en attendant la mort…
Dimanche 04 Novembre 2007

Source :
http://www.marianne2.fr

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F
Je perçois dans ce billet une grande amertume vis à vis des politiciens qui se targuent de préoccupations écologiques, et des prescriptions fumeuses énoncées dans les comptes-rendus des réunions internationales eu égard aux réalités observées dans la pratique.Pour mon part, j'aimerais pourtant apporter une petite note d'optimisme en assurant que, loin des phrases démagogiques et des postures de circonstance des professionnels de la politique, chacun d'entre nous peut oeuvrer au service de l'environnement, en s'intéressant par exemple, tout simplement, aux déchets qui lui-même produit du fait de sa consommation personnelle.<br /> Souvent éclipsé par les problèmes majeurs que constituent le réchauffement climatique, les résidus industriels, les émissions de gaz à effet de serre et la déforestation massive, le traitement des ordures ménagères n'en est pas moins un enjeu primordial dans la recherche de méthodes visant à protéger l'environnement.<br />  <br /> <br /> A ce propos, les rapporteurs chargés d'analyser l'impact d'une gestion lacunaire des déchets issus de la consommation courante des ménages soulignent la diversité des éléments à prendre en compte, chacun réclamant des initiatives et des investissements fournis à plusieurs niveaux.<br />  <br /> <br /> En amont se trouvent naturellement les consommateurs, qui se voient prescrire une certaine forme de discipline quotidienne. Le choix des produits qu'ils achètent, en premier lieu, devrait être fortement corrélé à la nature du conditionnement correspondant. On recommande par exemple d'acquérir de préférence des fruits au détail, emportés ensuite dans un cabas ou un panier personnels, plutôt que des paquets préempaquetés dont l'emballage doit ensuite faire l'objet d'un traitement, et plus généralement, de renoncer aux sachets plastiques proposés aux caisses des supermarchés. Après consommation, chaque famille doit également se préoccuper d'effectuer un tri rationnel de ses propres déchets, afin d'en faciliter l'orientation après ramassage, et le retraitement éventuel.<br />  <br /> <br /> Parallèlement aux bonnes volontés individuelles d'amélioration, qui visent principalement à la réduction de la quantité de déchets produits, il est clair que le ramassage et le traitement de ces matières usagées doit faire l'objet de mesures d'ensemble conduites par les pouvoirs publics, épaulés par des sociétés privées spécialisées. Le devenir des matériaux mis au rebut se décline suivant deux axes, que sont le simple stockage effectué avec les précautions d'usage lorsque les produits (industriels, pharmaceutiques...) sont dangereux, et l'exploitation et la transformation avec création de consommables nouveaux.<br />  <br /> <br /> Lorsque les déchets recueillis le permettent, cette seconde solution doit être privilégiée pour des raisons évidentes. D'une part, le retraitement des déchets minimise la quantité de matières résiduelles à stocker. D'autre part, les produits récupérés après transformation représentent non seulement un gain intéressant dans l'immédiat, mais procèdent même d'une démarche d'économie des ressources, comme dans le cas de l'activité nucléaire, par exemple, où le fait que les réserves naturelles ne soit pas inépuisables rend très souhaitable la réutilisation des matériaux déjà extraits.<br />  <br /> <br /> Le problème du retraitement des déchets a naturellement un coût, et la construction d'usines habilitées à effectuer ces transformations est en particulier très onéreuse, ce qui conduit souvent les décideurs à envisager le problème avant tout en termes de rentabilité.<br />  <br /> <br /> Au niveau régional, une analyse similaire à celle qui est détaillée dans les lignes précédentes reste valable, et nécessite de surcroit qu'une attention particulière soit portée aux spécificités locales, afin que les mesures préconisées fassent l'objet d'un ajustement adapté aux caractéristiques de terrain.<br />  <br /> <br /> A ce titre, l'ADQV, Association de la Défense de la Qualité de Vie du Pays de Bitche, réclame la mise en œuvre rapide de mesures destinées à modérer la charge de déchets produits, et a présenté au syndicat des communes une série de propositions en ce sens, un corollaire positif étant naturellement l'allègement des frais imputables au contribuable. Ces dispositions s'articulent autour de quatre idées simples et efficaces, dont on voit aussitôt les avantages qu'apporterait leur application immédiate.<br />  <br /> <br /> La première suggestion implique le concept de pesée embarquée, chaque poubelle étant en quelque sorte immatriculée au moyen d'une puce informatique, et faisant l'objet d'une pesée lors de son ramassage. Des variantes intéressantes sont étudiées, envisageant notamment des prix figés pour les déchets recyclables, et variables pour les autres. On conçoit sans peine le caractère incitatif au tri d'un tel procédé. La seconde piste prévoit la création d'une déchetterie et d'un compostage communal ou intercommunal, avec possibilité pour les usagers de déposer leurs détritus fermentescibles, et de récupérer en retour une certaine quantité de compost. La troisième idée, d'ordre organisationnel, prescrit l'institution d'une Communauté des communes, les avantages visés relevant d'une simplification des structures, et induisant une diminution du nombre de responsables à l'évidence trop élevé à l'heure actuelle, et une mutualisation des ressources et des compétences opérée simultanément à des fins d'efficacité pratique et de réduction des coûts. En dernière analyse, l'ADQV s'interroge enfin sur l'opportunité de construire une usine de méthanisation, dont les bénéfices à courts termes, avancés par ses promoteurs, ne sont pas suffisamment convaincants pour faire oublier le coût prohibitif d'une telle opération.<br />  <br /> <br /> En conclusion, le traitement des ordures ménagères est un défi d'envergure pour le pays de Bitche. Intéressée et concernée par les choix qui seront faits dans les mois à venir, l'ADQV souhaite sensibiliser usagers, industriels et pouvoirs publics  à l'enjeu des décisions qui seront prises, et participe activement aux réflexions en cours en indiquant des axes et des mesures dictés par sa connaissance approfondie des ressources et des structures locales, et par les analyses de ses experts en matière de protection de l'environnement.<br />  <br /> <br />  <br />  <br /> <br /> Pour le Comité de l’ADQV<br /> Florence Soriano-Gafiuk
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