Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


...libres sont les élèves.

Publié par prs 57 sur 28 Juin 2007, 10:11am

Catégories : #école


Au lycée autogéré de Paris, libres sont les élèves


Éducation. À l’occasion du 25e anniversaire de l’établissement, retour sur un mode d’enseignement original qui privilégie l’échange et l’autonomie sur la course aux résultats.

Élève ou professeur, on n’entre pas par hasard au lycée autogéré de Paris (LAP). Sur la rue de Vaugirard, une petite porte en fer donne sur un jardin broussailleux. Au milieu, des tables et des chaises en bois inspirent la convivialité. Et derrière les arbres se dévoile le bâtiment. Ce jour-là, l’ambiance est studieuse. Sans doute dû à la période du bac mais aussi à ces entretiens que passent les potentiels « lapiens » pour intégrer le lycée en septembre.


Le bac n’est pas une fin en soi

Au rez-de-chaussée, la salle d’assemblée générale et la salle théâtre, la salle de sport, la salle d’informatique et la cafétéria. Au premier, l’administration et les salles de classe. Sur les murs colorés, affiches, exposés et messages personnels...

Grand et mince, chapeau vissé sur la tête, Baptiste termine sa seconde. Il s’est porté volontaire pour encadrer les stages et participer aux entretiens avec les candidats. « J’avais envie de partager mon expérience du LAP comme on l’a fait avec moi parce que je tiens à ce lycée ! explique-t-il. Je sortais de seconde, j’avais des notes correctes mais je ne supportais plus le système de compétition. J’ai atterri ici sans trop savoir ce que c’était. »

Surpris par la décontraction ambiante, Baptiste découvre les règles fondatrices : libre fréquentation, participation collective des membres du lycée aux décisions et variété des activités pédagogiques. « Dès mon arrivée, je me suis demandé : vais-je aller à tous les cours, choisir les informations que je donne à mes parents ? » La période d’adaptation est plus ou moins longue. « Jusqu’en décembre, je ne suis pas allé en cours. Il m’a fallu quelques mois pour trouver mes marques et m’investir dans un projet de voyage en Andalousie. »

Pour le passage dans une classe supérieure, professeurs et élèves font un bilan en fonction de la présence et de la participation. En général, l’élève remporte la décision finale. Quant au bac, ce n’est pas une fin en soi. « En entrant ici, je n’y pensais pas. Aujourd’hui, j’ai envie de le passer. » Le LAP est souvent perçu comme un lycée laxiste avec un faible taux de réussite au bac. Mais l’essentiel est ailleurs. « C’est très difficile à expliquer. Chacun vit des expériences très différentes. Il te restera forcément quelque chose de ce lycée, pas forcément le bac, mais quelque chose », assure Baptiste. Le LAP a prouvé que les rapports entre profs et élèves pouvaient être autres que hiérarchiques. D’ailleurs, entre les 230 élèves inscrits et les 25 professeurs, le tutoiement est de rigueur.

« Un vrai choc thermique »

« Les profs disent ce qu’ils pensent, ce qui va et ne va pas. Parfois, on s’engueule. Mais on sait que c’est pour nous », dit Baptiste. Une parole qui fait écho à un texte écrit pour les vingt-cinq ans : « Nous aimerions que se développent des établissements dont le but serait de répondre aux demandes d’élèves soucieux de fréquenter une école qui ne soit plus source d’ennui ou d’exclusion mais un véritable lieu d’épanouissement. (...) Nous aimerions qu’ils trouvent une place... Dans quelle société ? Sûrement pas dans une société où régneraient en maîtres la concurrence, l’argent, le profit... »

Assise sur l’herbe, Amandine, élève de première ES, discute avec des candidats qui viennent de passer les entretiens. Elle est entrée au lycée à l’âge de dix-huit ans après un BEP et se souvient de ses débuts : « Le fait de ne pas avoir de contraintes est un vrai choc thermique. On passe d’un lieu fermé et autoritaire à un lieu ouvert. Je m’y sentais tellement bien que j’allais à tous les cours ! » Jean-Luc, prof de SVT, s’approche. « Alors, les épreuves ? » demande-t-il. « Ça va... » marmonne-t-elle. Jean-Luc s’occupe aussi du journal du - lycée. « J’aimerais bien y participer l’année prochaine », lance Amandine. « Avec plaisir... », rétorque-t-il. L’engagement des professeurs est total. Ils savent pourquoi ils sont là et ne comptent pas leurs heures. « Passionnante et épuisante », l’expérience prend une dimension qui ne se mesure pas à coups de résultats. Au LAP, les mesures sont plutôt celles du temps, de l’échange et de la liberté.

Ixchel Delaporte 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents