Ô mon batô ô ô ô !
Début d’un feuilleton à rebondissements divers et variés, dont le héros ne doit rien à Sempé cette fois. Nous avions donc laissé le petit Nicolas, (mais si souvenez-vous, vous savez bien, le fils d’immigré, celui qui doit tout tout tout et le reste à la France, et qui rêve de le lui rendre au centuple), nous avions laissé Nico le soir de son sacre, sur une estrade, content comme tout du bon tour qu’il venait de jouer à son grand cousin, le corrézien. Tous ses copains étaient là, autour de lui. Et il avait fait un joli discours, de ceux que par chez nous on apprécie bien. Il avait tout bien réexpliqué, depuis le début, comment on allait renvoyer au boulot tous ceux qui n’aiment pas se lever le matin, comment qu’on allait remettre de la morale dans tout ça, et de l’ordre, et du respect, et que les petits enfants à l’école, ils allaient maintenant se lever quand le prof entre dans la classe, et puis aussi qu’il était le Président de tous les Français, TOUS, il l’avait répété plusieurs fois, pour qu’on comprenne bien, des fois qu’on ne serait pas convaincus. Alors, nous pas trop chiens, on l’avait pas vraiment cru, vu que ce qu’on raconte les soirs de fête, champagne, tout ça, mais bon… Il est content, il l’a sa belle place. Et en plus, il fait beau. (Vous vous souvenez de ce qui tombait le soir du 10 mai 81 ???) En gros, on avait bien compris qu’il était le pote de tous les gens, à partir de ce soir. Bien !... Et puis, dis donc, tout de suite derrière, le voilà qui file dans les rues, vers la Concorde, pour chanter des chansons avec que du beau linge, du poète de qualité, la liste, elle fait envie : Mireille Mathieu, Jeane Manson (oh la ! c’est du lourd, hein ? ) Gilbert Montagné, Jean-Marie Bigard, que des futurs Nobel. Mais avant d’arriver à la Concorde, une petite halte il a fait. Oh trois fois rien, le temps de boire un godet avec d’autres potes sympas. Non, pas chez Ginette. Au Fouquet’s. Entre gens du beau monde, quoi. Là, il a retrouvé un copain helvète, ou belge, peut-être, ou monégasque, enfin, un bon copain : Johnny et sa chérie, revenus des banques suisses tout exprès pour l’occasion. Johnny qui a fait un discours aussi. C’est bien le moins. Qui nous a dit que le petit Nicolas, il est très très gentil, la preuve, c’est qu’il aime beaucoup sa femme et ses enfants et ses amis (et le chien ? et le chat ? il n’a pas de chien ? Dommage…) et que, quand on aime ses amis à ce point-là, on ne peut être que très gentil. Bon, ça c’est fait, qu’on s’est dit. Et alors, après, comme je vous disais, il est allé pousser la chansonnette avec les autres là en bas des Champs. J’oubliais, y avait aussi Faudel, « le » copain beur, il en faut toujours un. C’est bien s’il est avocat, c’est mieux s’il est sportif ou chanteur. Nadir Dendoune (on y reviendra) n’était pas chaud pour chanter Enfants de tous pays, alors, ils ont pris Faudel. Et puis, ras-le-bol, il était tard, pas que ça à faire non plus, on a éteint la télé. Le lendemain, on a appris la fin de l’histoire. Notre président, oui, le mien, le vôtre, LE président, il est parti en vacances. Encore une fois, on n’est pas chiens, on ne va pas lui reprocher d’aller se reposer un brin, surtout qu’avec tout ce qu’il a balancé pendant la campagne, du boulot, il ne va pas en manquer. Dans un premier temps, on nous a dit, en Corse. Chic, on s’est dit. Les autres là en bas, il les a traités de lâches la dernière fois qu’il y est allé. Avec un peu de chance, ils vont lui tirer un chouette feu d’artifice pour lui souhaiter bon courage. Une heure après, la Provence, c’était. Un peu plus tard, une retraite dans un monastère. Là on n’a pas bien compris. Un monastère ? Au pays de la laïcité ? On a parlé d’un tas d’endroits tous plus ensoleillés les uns que les autres. Pour finir, paraîtrait que c’est à Malte qu’ils sont en train de se dorer la pilule. Ils ont bien le droit vous entends-je me répliquer. Eh oui, qu’ils ont bien le droit. Le petit hic, c’est que tout ça, c’est chez un autre pote à eux. Bolloré. Voyez le genre ? Bolloré… La grosse finance, la grosse fortune, de ceux qui pour gagner plus, font travailler les autres, pas le menu fretin, encore une fois. Les vacances du petit Nicolas, c’est en bateau qu’il les prend. Pas un rafiot comme vous en connaissez, le genre à rames. Un bateau de riches. 60 mètres, jacuzzi, pas encore un parcours de golf, mais pas loin. Un bateau comme vous et moi on n’en verra jamais. Même le chiffre de ce que ça coûte, je n’ai pas réussi à le retenir tellement ça me semblait une blague ! 200 000 euros, mais c'est par mois? Par an? Par semaine... Ca vous laisse rêveurs, hein? Et pendant ce temps-là, les fainéants, ceux qui n’aiment pas se lever le matin, tous ceux-là qui profitent de la solidarité nationale, ils regardent, ébahis, la République aux bains de mer !!! Tout ça pour vous dire que bon, nous voilà à la tête d’un nouveau président tout neuf, tout frais, même que tout ce qui s’est passé depuis cinq ans, il était même pas là, d’abord ! donc, il n’y est pour rien, c’est la faute des autres. Un président qui nous a dit qu’il était notre président, à tous. Et qui commence par se montrer avec tous les symboles du fric et du tape-à-l’œil. Ca ressemble à un article de Voici, ça en a le goût, la couleur, on attend les photos la semaine prochaine. Mais c’est de notre président qu’on parle. Il en a oublié ce qu’on célébrait aujourd’hui, dis donc. 8 mai ? Vous disiez 8 mai ? Ah oui, l’anniversaire de la victoire contre le nazisme. Mais quoi, on va pas encore se complaire dans la repentance ! Stop ! Les vacances, c’est sacré !
Pour Nadir Dendoune, rendez-vous demain sur cette page. brigitte blang prs 57