1er mai à Strasbourg
Un premier mai ensoleillé, chaud, joyeux. Nous étions

quelques-uns de prs 67 et de prs 57 à nous être retrouvés sur la place Broglie, en ce jour si important pour tout militant social, politique ou syndical. Le cortège était coloré, festif, motivé, musical et déterminé. Les slogans reprenaient les mots d’ordre de justice sociale, d’égalité et de fraternité. Les syndicats défilaient ensemble ici, oui, ensemble, derrière une seule banderole unitaire. Une délégation de souvenir aux tirailleurs sénégalais, si longtemps oubliés, une forte représentation kurde, des travailleurs d’Unilever pour le maintien de leurs postes menacés, toutes les grandes organisations de gauche, fidèles au rendez-vous incontournable du calendrier revendicatif. Et puis, sur le passage de la manif, notre petite table de PRS, qui s’est taillé un gentil succès. Les tracts ont vite manqué, il a fallu se rabattre sur d’anciens numéros de A Gauche, certes jamais obsolètes, mais un peu décalés en ce jour de lutte ! Qu’à cela ne tienne, un minimum d’explications, de dialogue, d’échange et le propos arrivait vite sur LE sujet du jour, de la semaine : la présidentielle. Après tout, c’est bien pour cela que nous avions fait le déplacement. Partout le même sentiment de peur, d’angoisse réelle, palpable : et s’il arrivait à l’Elysée ? Partout les mêmes impressions: le racisme assumé, l’eugénisme revendiqué, le bushisme dépassé, l’exclusion maquillée. Et partout l’espoir de voir dimanche un autre visage s’encadrer sur nos écrans. Voilà pour les convertis. Il reste néanmoins du boulot, à Strasbourg comme ailleurs. A Strasbourg plus qu’ailleurs peut-être. Les Alsaciens n’oublient pas qu’ils habitent la seule région dirigée à droite. Contrée excentrique s’il en est. Quand on milite, à Strasbourg, c’est toujours l’âme chevillée au corps. On avait tous en mémoire cet autre 1
er mai, celui d’il y a cinq ans, d’entre deux tours, déjà. Sous une pluie battante, et par un froid de loup, nous avions alors marché, dans des rues noires de monde, pour dénoncer certaine tache brune sur notre drapeau. Ce matin, soleil oblige, l’ambiance était différente. Mais l’enjeu est autrement plus lourd. Mise à part la honte sur notre dos d’avoir vu Le Pen au second tour en 2002, y avait-il réellement danger pour la démocratie ? Alors qu’aujourd’hui… Nous risquons gros, nous voyons le coup arriver, nous en sommes les témoins mobilisés et décidés. Il nous faut donc convaincre ceux qui ne croient pas à la menace. L'élève dépasse déjà le maître en arrogance, en duplicité. Il avance masqué, épaulé par ses valets de la
presse. Et déjà, il revendique ses idées les plus graves. Sans honte, sans les cacher. Mine de rien, sous couvert de parler vrai, on entend le pire. Chacun d’entre nous, s’il peut amener 1 ou 2 voix, ce sera toujours ça de gagné. Et pouvoir se dire, dimanche soir, lorsque la gauche l’aura emporté, avec 50% plus une voix : Cette voix-là, c’est la mienne… Et alors, ensemble, chanter « Il est revenu, le temps du muguet… »
brigitte blang prs57
