Lu dans "le Monde"

Publié par prs 57 sur 31 Mars 2007, 00:23am

Catégories : #médias

Nouveaux Déroulède

Si l'Espagne s'avisait de créer un ministère de l'identité nationale, les attentats de l'ETA reprendraient demain, la Catalogne déclarerait son indépendance, et vraisemblablement l'Andalousie aussi. Si c'était le Royaume-Uni, l'Ecosse ferait aussitôt sécession, peut-être le Pays de Galles dans la foulée, et les efforts de paix en Irlande seraient réduits à néant. Si c'était en Italie, la Sicile demanderait, comme après la seconde guerre mondiale, son rattachement aux Etats-Unis, et la Ligue du Nord ferait sécession. Si cela arrivait en Allemagne, tout le monde croirait que Hitler est revenu au pouvoir et nous nous demanderions s'il faut réarmer...

Apparemment, nos politiciens français et quelques intellectuels aussi profonds conceptuellement que des Renan ne voient pas le ridicule effarant et le déphasage total de telles propositions au beau milieu de l'Europe et dans un monde qui s'enrichit de toutes ses ouvertures. Ils veulent ranimer la flamme, cadenasser l'Hexagone comme sur les cartes météo de la télévision, où les nuages s'arrêtent au pont de Kehl, saluer le drapeau, faire apprendre La Marseillaise, ce chant cocardier aux paroles ineptes ("qu’un sang impur abreuve nos sillons"... ! Il faut oser !).

Avec tout ça, on va sûrement donner un nouvel élan à l'Europe, intégrer nos Français immigrés, résoudre les problèmes de croissance et développer la recherche. Vive donc le drapeau, et que mille Déroulède fleurissent !

Yves Michaud, philosophe, fondateur de l'Université de tous les savoirs.

LE MONDE | 27.03.07 | 14h11

Lilian Thuram dénonce "la banalisation du discours du Front national"

Le défenseur de l'équipe de France Lilian Thuram a brisé, mardi 27 mars, la monotonie des conférences de presse en dénonçant "la banalisation du discours du Front national" à propos des questions ayant trait à l'identité nationale. Thuram, membre du Haut Conseil à l'intégration, estime, à la veille du match amical France-Autriche, que cinq ans après le 21 avril 2002, "la situation s'est aggravée".

Le joueur, qui dit suivre la campagne surtout sur Internet, admet que la question de l'identité nationale est un élément du débat. "Pour sortir de la crise identitaire dans laquelle on se trouve, il faut avoir une réflexion et accepter que celle-ci est en mouvement", précise-t-il. Selon lui, "il y a des choses inacceptables et il faut les dénoncer. Regardez l'histoire du Chinois [sans-papiers interpellé le 20 mars devant l'école où sont scolarisés ses deux petits-enfants] que l'on veut expulser. Ce n'est pas l'image que l'on doit donner de la France".

"JE SAIS POUR QUI JE NE VAIS PAS VOTER"

Dans un entretien au site Internet de Métro, il durcit le ton face à Nicolas Sarkozy : "Je suis assez étonné qu'on puisse avoir l'idée de créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Quoique, venant de lui, rien ne me surprend. C'est une continuité. Un cheminement pour essayer de récupérer les voix du Front national."

Lilian Thuram "parle un peu" de ces questions avec ses coéquipiers et affirme aller "voir certains d'entre eux pour leur dire d'aller voter". S'il ne dévoile pas pour qui il va voter, il précise : "Je sais pour qui je ne vais pas voter".

LEMONDE.FR avec AFP | 27.03.07 | 19h31