Hénin-Beaumont : le FN aux portes de la mairie
Caracolant en tête au premier tour de l’élection partielle, dimanche, l’extrême droite pourrait prendre les clés de la ville, si le candidat divers gauche arrivé second refuse la fusion de listes.
Personne n’avait minimisé le danger. Un sondage paru la semaine dernière dans le quotidien régional la Voix du Nord avait pronostiqué une nette avance pour la liste menée par Steeve Briois et Marine Le Pen, lui accordant 35 % des suffrages. La réalité a dépassé les prédictions. En totalisant 4 485 voix et 39,34 % des votes, l’extrême droite devance de près de vingt points la première liste de gauche, « l’Alliance républicaine » de Daniel Duquenne (ex-PS, Divers gauche), arrivée en deuxième position avec 20,19 % des voix. La liste PS-MRC-PCF-Modem du socialiste Pierre Ferrari obtient 17,01 %. La gestion calamiteuse du maire socialiste sortant, Gérard Dalongeville, aujourd’hui placé en détention provisoire et soupçonné de détournement de fonds publics, faux en écriture et favoritisme, a largement contribué à la performance du FN dans cette ancienne cité minière où le taux de chômage frôle les 20 %.
Les appels à constituer un front républicain pour battre l’extrême droite se sont multipliés dès hier. Jusqu’à la direction nationale de l’UMP, dont le candidat local n’a obtenu que 4,3 %, et qui a appelé les électeurs, par la voix de Xavier Bertrand, « à choisir le candidat Divers gauche et républicain, Daniel Duquenne ». Joint par téléphone, lundi, l’intéressé semblait confiant. « J’ai le soutien de toutes les forces républicaines », indiquait-il. Mais le chef de file de « l’Alliance républicaine » n’entendait en aucun cas ouvrir la porte à des candidats venant d’autres listes. « La seule liste qui peut se maintenir est celle de Pierre Ferrari, et j’ai la confirmation de la fédération du Parti socialiste qu’il se désistera en ma faveur », concluait-il.
Or, si le seuil légal pour maintenir sa liste au second tour d’un tel scrutin est fixé à 10 % des suffrages exprimés, seuls 5 % sont nécessaires pour pouvoir fusionner. Outre la liste d’union de Pierre Ferrari (PS), celle des Verts (8,5 %) ou encore celle de l’ancien maire socialiste Pierre Darchicourt (5,3 %) pourraient prétendre à voir certains des leurs figurer sur la liste de Daniel Duquenne.

S’il l’assure de tout son soutien, Pierre Ferrari a néanmoins appelé, hier, Daniel Duquenne à accepter la fusion. « Je travaille avec les Verts au rassemblement le plus large possible pour battre le Front national. Le danger d’une victoire de l’extrême droite est déjà important, mais il le sera encore plus si nous ne sommes pas capables de créer entre les deux tours une réelle dynamique », plaide la tête de liste PS. Un constat partagé par le communiste David Noël, présent sur la liste menée par Pierre Ferrari. « Pour passer de 20 % (20,19 %, score de Duquenne au premier tour - NDLR) à 51 %, il faut à tout prix rassembler, il serait suicidaire dans ces conditions de refuser la fusion », résume-t-il.
« L’urgence est à l’union la plus large pour barrer la route à Marine Le Pen et sa clique. Le temps viendra ultérieurement de faire toute la clarté sur les causes qui ont rendu encore fécond le ventre de la bête immonde », expliquait, hier, dans un communiqué, le PCF. Dans ce contexte, personne n’imagine, comme ce fut le cas en 2008, une triangulaire au second tour qui offrirait sans conteste Hénin-Beaumont à l’extrême droite.
Frédéric Durand