Le NPA s’aventure en solo aux européennes
Extrême gauche. Les élections de juin ont été au centre des débats du congrès qui s’est clos hier.
En être ou ne pas en être ? Et si l’événement au congrès du NPA, ce week-end, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), était la réponse que devait apporter la formation d’Olivier Besancenot à sa participation au front de gauche ? Sollicité depuis plusieurs semaines par le PCF et le PG à rejoindre la coalition qu’ils ont scellée en novembre en vue du scrutin européen, le NPA dit « oui, mais »… « Oui » à une « union durable avec toutes les forces qui se réclament de l’anticapitalisme ne se limitant pas aux européennes », mais à condition d’être « toujours dans l’indépendance vis-à-vis du PS ».
Une âpre discussion
Le texte défendant cette position a remporté un succès massif, avec 76 % des quelque 600 délégués (35 % de femmes), au troisième et dernier jour des assises. Mais ce débat avait pris de l’ampleur au fur et à mesure qu’avançait le processus de création du NPA. Au départ, explique Gérard Bohner (Clermont-Ferrand), « on ne parlait même pas de l’union, on affirmait la nécessité pour le parti de présenter ses propres listes ».
Or aujourd’hui, le document voté majoritairement prend en compte le besoin d’unité qui s’est exprimé, notamment de la part des nouveaux adhérents. Ainsi Yann, syndicaliste à EDF, a défendu bec et ongles cette « unité qui peut enclencher une dynamique, ouvrir un débouché politique à la journée de mobilisation du 29 janvier ». Il fait partie des 16 % qui ont voté pour la motion minoritaire favorable au front de gauche.
Un vote exprimé à l’issue d’une âpre discussion au sein de la commission Europe. Ici, dans une salle bondée, se succèdent les « pour » et les « contre » la coalition avec les partis de Jean-Luc Mélenchon et de Marie-George Buffet. « On ne va pas se présenter avec les traîtres à la classe ouvrière », balance une déléguée (Cherbourg). « 2009 est l’année de tous les possibles, le NPA aura beaucoup à perdre s’il signe l’accord avec les autres », soutient une autre (Paris). « Ne mélangeons pas nos arguments pour faire adhérer à notre parti et ceux pour aller à un front », tente un congressiste (Marseille). « Nous avons besoin d’une tribune au moment des européennes, alors que nous venons juste de créer notre parti », assène un autre encore.
Le réflexe identitaire est largement présent dans les discussions. Le NPA entend exister en tant que tel au moment de la campagne de cette première échéance électorale depuis sa naissance. Le texte majoritaire sur les européennes est suffisamment bordé pour empêcher toute alliance. On évoque l’indépendance à l’égard du PS aux régionales ou la sortie du nucléaire pour conditionner son « oui » au front de gauche.
Une attitude et un vote qui laissent sceptiques le Parti de gauche et le PCF, qui assistaient aux travaux. « On regrette une position pleine de préalables et de faux-fuyants, déplore Pierre Laurent, dirigeant communiste. On peut craindre qu’elle déguise un "non au front". » Il déclare néanmoins vouloir « pousser la discussion jusqu’au bout » avec le NPA.
Deux tours pour un nom
Mais la formation d’Olivier Besancenot ne semble pas prête à prendre la main tendue. Son leader, qui sans surprise le restera après le vote du bureau exécutif, évoquait hier la possibilité d’avoir « autant de porte-parole que de têtes de liste » au scrutin du 7 juin prochain. Une direction paritaire de 192 personnes, dont treize (1) appartenant à la minorité, a été élue avec un score « à la soviétique », plaisante un délégué. L’Internationale a tonné, à la fin du congrès fondateur, dans une salle enthousiaste, où les jeunes étaient particulièrement visibles.
La naissance du NPA est désormais officiellement actée. Même s’il aura fallu deux tours pour entériner son appellation. 44 % des congressistes lui auraient préféré le nom de « Parti anticapitaliste révolutionnaire ».
(1) Christian Picquet, figure de cette minorité, a été « éliminé » de la direction.
Mina Kaci