"Dans plusieurs états occidentaux, les moyens de transports publics, la Poste, les télécommunications sont déjà privatisés. Une deuxième vague de privatisations se prépare. Elle concerne les écoles, les collèges, les universités, les hôpitaux, les prisons, bientôt la police.
Un État qui démantèle volontairement ses services publics les plus essentiels et transfère au secteur privé les tâches relevant de l’intérêt collectif, les soumettant ainsi à la loi de la maximalisation des profits, constitue, pour reprendre l’expression d’Éric Hobsbawm, un failed State, un « État en défaut ».
Aux yeux de ses citoyens, sa valeur s’approche de zéro.
Une économie qui génère (et célèbre) la concurrence individuelle à outrance, la précarité de l’emploi, la fragilité des statuts sociaux, le salaire au mérite est une économie génératrice d’angoisses.
Un citoyen livré sans protection à des risques sociaux majeurs perd sa qualité de citoyen. Un homme qui a constamment peur pour son emploi, son salaire et ses droits n’est pas un homme libre.
La privatisation de l’État détruit la liberté de l’homme. Elle anéantit la citoyenneté."
Jean ZIEGLER « les Nouveaux Maîtres du Monde et ceux qui leur résistent »
(un livre qui date de bientôt sept ans... Quelle actualité, pourtant! Et quel bonhomme indispensable, ce Jean Ziegler!)