Chez nos amis de Politis, comme ailleurs, on s'indigne de ce qui s'est produit samedi sur les berges de la Seine. Un article, parmi d'autres, mais pas tant que ça, finalement. Déjà, ce matin, les aventures de Nico et sa princesse au pays merveilleux de Disney avaient pris le pas sur l'ignoble. Question de priorité, sans doute. Mais peut-être aujourd'hui encore, certains beaux esprits vont nous reprocher de parler de ce qui n'intéresse personne... Vous savez bien, la misère, le traité européen, le FMI, son chef, et même parfois la culture, tous ces sujets mineurs, comparés aux soucis du microcosme de chez eux. C'est pourtant vrai qu'il y a quelques années, lorsqu'on essayait d'évoquer en section ce qui se passait en Côte-d'Ivoire, sous l'oeil complice de notre armée, déjà, ça n'avait pas beaucoup plu au patron, alors, vous pensez, le traité européen... Allons, pas d'amertume, Voici le papier d'Ingrid Merckx.
"Mission accomplie pour les Don Quichotte. Si le nouveau campement lancé à Paris n’a pas tenu, le gouvernement a été contraint au dialogue. Et à l’annonce de solutions d’urgence. Analyse d’Ingrid Merckx pour Politis.fr.
Installer un nouveau campement au cœur de Paris en signe de solidarité avec les sans-abri ? Ils l’avaient annoncé, ils l’ont fait. Le 15 décembre au matin, un an après l’action du canal Saint-Martin, les Enfants de Don Quichotte ont monté des tentes au pied de Notre-Dame, bravant la ministre du logement, qui avait menacé la veille, en signant un protocole concernant les mal logés de la rue de
« Nous n’allons pas rentrer à deux cents dans deux tentes. Il y a un moment où il faut comprendre la symbolique », s’est agacé Augustin Legrand, un peu plus tard, devant Notre-Dame. Quelques officiers venaient de se jeter rageusement sur les deux toiles posées au milieu des manifestants arborant un tee-shirt Don Quichotte. Toit provisoire ou symbole de résistance, personne ne pense que les tentes sont une solution. Mais un dernier recours, n’ont cessé d’expliquer les Don Quichotte tout l’après-midi durant, multipliant, très pédagos, les points d’info sur le parvis de la cathédrale. Et appelant au rassemblement. « Nous allons continuer notre action, ce n’est pas que le défi des Don Quichotte, c’est celui de tout le monde », martelait Martin Choutet. Vers 17 heures, la petite troupe a été rejointe par les représentants d’AC le feu, Emmaüs, le Secours catholique, le Dal... « Les enfants de Don Quichotte constituent une association responsable qui sait faire confiance aux mouvements associatifs, a déclaré Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique. Si nous nous contentons de réclamer poliment les choses, nous ne sommes pas entendus. Nous sommes donc obligés de nous fâcher ». Responsabilité, citoyenneté. Les mots d’ordre sont clairs. Pas pour faire la leçon. Pour secouer. Et montrer qu’on peut joindre le geste à la parole : « Plus de tentes ? On s’installera dans des duvets ». Samedi soir, vers 23 heures, il n’y avait quand même plus grand monde devant Notre-Dame. Seul le grand sapin de Noël un peu désolé, et les cars de police qui rentraient au bercail. Fin des opérations ? Voire.
Dès dimanche, Augustin Legrand annonçait un prochain campement. Dans Paris si possible, au fond du bois de Vincennes s’il le faut. Les Don Quichotte ne désarment pas. Déterminés à maintenir le rapport de force contre les moulins à vent du ministère. Qui n’en peut mais de brasser des satisfecit. Après la bataille des symboles, la bataille des chiffres : les engagements pris dans le cadre du Plan d’action renforcé en faveur des sans abris (Parsa) n’ont pas été tenus, dénoncent les Don Quichotte qui participent au Comité du suivi de ce plan. 13 000 places d’hébergement manquent sur les 27 000 prévues. « Nous avons atteint les 21 000 places promises », conteste Christine Boutin. Mensonge ou stratégie ? « Madame Boutin manque de moyens », elle est « victime de son excès de zèle », jugent les Don Quichotte qui appellent aussi le « responsable de la politique menée », Nicolas Sarkozy, à « étudier sérieusement les propositions des experts pour rendre effectif le droit au logement opposable ».
Forts de leur capital sympathie, les Don Quichotte ont réussi à faire grimper la pression. Lundi, Christine Boutin a reçu les associations « institutionnelles » d’aide aux sans-abri. Le premier ministre, François Fillon, devant « calmer la polémique » le lendemain. Après l’usage de la force, le gouvernement fait valoir la reprise du dialogue… Mais que pourra-t-il se dire dans les officines que personne ne sait déjà ? Le 5 décembre, les associations d’insertion rassemblées en conférence de consensus sous l’égide de