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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


Lu dans l'huma

Publié par prs 57 sur 2 Septembre 2007, 11:34am

Catégories : #un petit tour chez les socialistes

Les socialistes plus divisés que jamais

Parti socialiste. En marge de l’université d’été de La Rochelle qui se tient ce week-end, les divergences se creusent entre « rénovateurs » libéraux et fidèles à une ligne de gauche.

À l’heure de rentrer de vacances, rien ne va plus au Parti socialiste. Alors que les militants tiennent jusqu’à dimanche leur traditionnelle université d’été à La Rochelle, le PS accumule tous les signes de crise. Toujours sonnés par leur échec électoral du printemps, atones dans l’opposition, phagocytés par Nicolas Sarkozy qui ne cesse les débauchages dans leurs rangs, déchirés par les luttes d’appareil et divisés sur le sens de la « rénovation » à impulser dans le parti, les socialistes ne savent comment remonter la pente. Ultime symptôme du malaise, la dispersion dans laquelle s’effectue cette rentrée, entre initiatives personnelles concurrentes et boycott de l’université d’été par les principaux ténors.

Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Jack Lang, Martine Aubry, Jean-Luc Mélenchon, Gaëtan Gorce sont aux abonnés absents. Des défections qui irritent l’entourage de François Hollande, partisan d’un « travail collectif ». Les réfractaires au rassemblement de La Rochelle dénoncent l’absence de véritable débat dans le parti. Pour Gaëtan Gorce, l’université d’été se résume à un « concours de mondanités socialistes », tandis que Jean-Luc Mélenchon dit en avoir « marre » de la « bouillie intellectuelle sur le thème de la rénovation ». Car ce qui agite les socialistes, derrière la guerre des egos, est bien le tournant stratégique à prendre après l’échec aux élections.

Des alliances avec Bayrou pour les municipales ?

Tirant la première, Ségolène Royal a livré son diagnostic et ses perspectives à Melle, la semaine dernière. Ne reniant aucune de ses prises de position dans la campagne, qui lui ont valu de nombreuses critiques de son camp, elle a plaidé pour un tournant social-démocrate assumé du PS. « Il n’y a pas de sujet de droite ou de gauche », a-t-elle affirmé. Pour l’ex-candidate, des « convergences » sont « possibles au-delà de l’affrontement bloc contre bloc ». Ses propos sur l’identité nationale, la sécurité ou encore le « donnant-donnant » contre « l’assistanat » et la critique des trente-cinq heures n’étaient pas des dérapages, mais les axes de sa « rénovation » de l’idéologie socialiste. Ségolène Royal a exalté les vertus du marché, qui « nous est aussi naturel que l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons », s’inspirant des conceptions du SPD allemand.

La traduction de cette « adaptation » du PS à l’économie libérale est la recherche de nouvelles alliances en direction de François Bayrou. Après François Rebsamen, son ancien directeur de campagne et numéro deux du PS, qui a proposé des « alliances locales » avec le Modem aux municipales de 2008, Ségolène Royal a franchi un pas supplémentaire. Dans un entretien à Sud-Ouest, elle a déclaré :

« La question se pose d’une vaste coalition de la gauche, des altermondialistes et du Modem sur des projets municipaux. (…) Sur la responsabilité et la morale politiques, la dépense publique, il y a plein de questions sur lesquelles on peut se retrouver avec les centristes. » Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a réagi en affirmant qu’il n’a « aucun tabou, aucune exclusion » pour des alliances construites « sur des engagements de fond ». Dans le Monde, l’eurodéputé Bernard Poignant a résumé la vision stratégique qui sous-tend cette ouverture au centre : « L’extrême gauche ne veut pas gouverner (…). Le PC va vivre ses dernières années. Les Verts ne décollent pas depuis trente ans. (…) Il y a deux solutions : ou le PS réussit à franchir la barre des 35 % à lui seul, ou il regarde d’autres alliés, notamment le Mouvement démocrate. »

« Complicité idéologique avec la droite »

Les opposants à cette « rénovation » libérale au sein du parti se comptent. Pour Benoît Hamon, proche de François Hollande, en difficulté au PS, les discours sur le « donnant-donnant » et la « dénonciation de l’assistanat » ont « relégitimé la droite sur la question sociale ». « Je n’ai rien contre la modernisation du PS, mais pas telle qu’elle s’entend aujourd’hui et selon laquelle, pour gagner, il faut être moins à gauche. » De son côté, Jean-Luc Mélenchon défend « la version française et républicaine du socialisme ». Quant à Marie-Noëlle Lienemann, auteure d’un ouvrage intitulé Au revoir Royal, elle est l’une de ses détractrices les plus virulentes. Pour l’ancienne secrétaire d’État au Logement, l’ex-candidate a « fait le lit de l’ouverture » sarkozyste à des personnalités socialistes, avec « sa ligne de complicité idéologique avec la droite ». Marie-Noëlle Lienemann pense que Ségolène Royal « s’illusionne lourdement sur les soutiens dont elle croit bénéficier à l’intérieur du parti », notamment du côté des jeunes « rénovateurs » du parti.

Ceux-ci forment un attelage pour l’instant hétéroclite, réunissant des strauss-kahniens aux fabiusiens, dont le dénominateur commun est l’impatience d’accéder aux responsabilités. Mais certains, comme Aurélie Filippetti, Arnaud Montebourg et surtout Manuel Valls, ne cachent pas leur proximité avec les thèses de Ségolène Royal. « Une bonne partie des idées de gauche se sont épuisées », estime le maire d’Évry, qui appelle notamment à « sortir d’un discours militant et compassionnel » sur les sans-papiers et l’immigration.

Sébastien Crépel

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