
En passant par le Pérou.
En effet, la presse espagnole est complètement branchée sur le tremblement de terre au Pérou qui a fait la une de nombreux journaux, plusieurs jours de suite. Quand elle évoque l’ouragan c’est pour parler de son passage au Mexique. Je notais d’ailleurs toutes sortes de choses à propos du tremblement de terre pour en parler car le bilan de ce monsieur Alan Garcia président social démocrate du Pérou, élu par la droite, est, une fois de plus, tragique pour les péruviens. Au cours de son précédent mandat de président il avait dû s’enfuir en hélicoptère car les gens voulaient le pendre pour le punir de l’état de misère auquel il les avait réduits. Mais ce n’est pas le sujet à présent. Je le raconte pour signaler par quels cheminements passe parfois une accroche dans un évènement. Un militant politique n’est jamais en vacances de son activité politique. C’est comme si un curé disait qu’il ne pense plus à Dieu pendant ses congés. On dirait : « Ce type n’y croit pas vraiment ». On aurait raison.À plus forte raison quand il s’agit de réalités humaines aussi concrètes que celles impliquées par la politique. J’en étais là et je commençais aussitôt, comme l’idiot que je suis, à chercher « Le Monde ». En fait je ne cherchais pas d’infos sur l’ouragan. Je voulais voir si Paolo Paranagua, le prétendu journaliste du « Monde » affecté à la rubrique anti chaviste continentale du grand quotidien, avait interrompu sa tournée des cocktails d’ambassades et ses demandes d’interview aux agents de
Et quand j’ai « Le Monde » en main, je prends la mesure du désastre pour les nôtres aux Antilles. La douche froide. J’ai presque honte d’être là, les bras ballants, avec mon verre d’eau minérale gazeuse au pied de
Ouragan social
Un ouragan ou n’importe quelle catastrophe naturelle sur une île c’est non seulement un énorme coup sur la tête de ceux qui le subissent, non seulement un agenda de gênes de toutes sortes pour des mois et des années mais c’est une épreuve de vérité pour chaque personne. Quand tout peut être emporté, brisé, noyé en quelques instants le ressort pour agir que chacun d’entre nous porte en soi est plus rudement sollicité que n’importe où ailleurs. Évidemment la catastrophe frappe socialement. Les pauvres d’abord. Ceux qui avaient peu n’ont plus rien. Ceux qui n’avaient déjà rien comprennent que ce n’est pas demain la veille qu’il restera quelque chose de trop à donner pour eux.
Sur place les élus de tous bords marchent sur des œufs. Les collectivités locales sont déjà prises à la gorge financièrement. Pas question de perdre un euro par une fausse manœuvre politique quelconque. Chacun fait donc le pied de grue en silence et sans marquer de mauvaise humeur pendant que le premier ministre qui a convoqué tout le monde pour un petit déjeuner de travail fait un jogging qui coûte trois quarts d’heure de retard et écourte la réunion d’autant… Puis promenade photo avec l’indépendantiste folklorique qui fera taire les mauvais esprits. Mais pourquoi diable les importants venus de métropole ont-ils continuellement l’air ravi sur les images ? Regardez : ils sourient tout le temps. Ça doit être l’effet caméra. On les reconnaît à ça sur les images : ceux qui font la gueule sont du coin, ceux qui ont le sourire sont les joggeurs. Les endomorphines du jogging et le décalage horaire c’est planant, sans doute.
Économiquement l’île est lourdement touchée. Les bananeraies à cent pour cent, la canne à sucre à 80 pour cent. « Tu crois qu’on passe au 20 heures ? Souris, coco ! » Il reste deux mois pour réparer tout ce qui doit l’être avant la saison touristique. Ils vont y arriver. Les écoles primaires sont très atteintes. Les collèges, aux constructions plus récentes et mieux financées moins, mais quand même. Deux morts. J’allais écrire « seulement ». Oui, parce que sans le maillage des capteurs de toutes sortes (houlographes, sismographes, et ainsi de suite) installés partout à terre et en mer, jamais on ne serait parvenu à ce degré de suivi et de prévision. Les déclinistes («
Pas à la hauteur
Mais pas grâce à l'Etat cette fois ci... Le gouvernement, selon la télévision, a ouvert une ligne de crédit sans limite au ministère de l’Outre Mer « pour faire face ». J’espère que c’est vrai. Sur place 75 000 euros seulement sont arrivés en préfecture… Les journalistes qui n’en ont pas cru leurs oreilles ont spontanément rajouté trois zéros dans les infos qu’ils ont donné…. Le reste de ce qu’on pense, on se le gardera pour une autre fois, quand les subventions seront encaissées. Car mieux ne se fâcher avec personne en ce moment. Mais quand même ! Bon sang jacobin ne fait qu’un tour en vérifiant ce que donne le fouillis médiéval de la décentralisation appliqué à l’outre-mer insulaire ! Seize autorités pour le transport (la région parisienne pour douze millions de personnes n’en a qu’une et le grand Lyon de même), une flopée de décideurs et de propriétaires pour la fabrication de l’eau, deux assemblées locales sur la même circonscription (la région et le département) et ainsi de suite. On n’en parlera pas. Pas cette fois ci. Ni la suivante. Comme si on n’avait le choix qu’entre cet Ubu institutionnel picrocholin ou les vice royauté à