Nicolas Sarkozy se transforme en aromathérapeute
dimanche 29 avril 2007.
Hier soir, franchement, le Mahatma Sarkozy a été bien, chez Arlette (Chabot).
Très bien, même.
Très digne.
Très non-violent.
Très laissez-venir-à-moi-les-petits-nenfants-(clandestins)-et-les malades.
Le gars aime tout le monde - surtout dans les banlieues, qui l’ont, dit-il, massivement plébiscité.
A un moment donné, il a sorti un truc vraiment énorme, du style, pourquoi tant de haine ?
Pourquoi tant de brutalité(s) ?
A ce moment-là, son nez s’est allongé si démesurément, qu’il a failli crever un oeil d’Arlette (Chabot).
Nicolas Sarkozy a été, dans sa pratique policière, l’homme de l’extrême brutalité : celui qui a finalement, sinistre bégaiement, lâché ses troupes sur des enfants, au motif de leur supposée "clandestinité".
Nicolas Sarkozy a été, dans sa campagne, l’homme de toutes les brutalités langagières, et voudrait certes qu’on l’oublie - mais ça va pas être possible.
On ne braconne pas impunément sur les terres du Pen.
On n’excite pas impunément les haines de voisinage.
On ne fustige pas impunément les tueurs de moutons.
On ne réduit pas impunément les conditions de (sur)vie des banlieusards à une confrontation entre, d’un côté, Charles Bronson, période "Un justicier dans la ville", et, de l’autre, une jeunesse présentée comme une salissure, passible du Kärcher.
Quand on est à la fois Mister Hyde et Mister Hyde, on n’essaie pas de se faire passer en toute fin de course pour le bon docteur Jekyll, aromathérapeute.
Quand il se produit chez Arlette (Chabot), le vrai Sarkozy est dans les plans de coupe où, se voyant à l’image, il se fend d’un sourire aussi naturel que le crochet du capitaine éponyme.
Les sourires du gars qui a lâché ses flics sur des enfants dont les parents n’ont pas l’heur d’être nés blancs à Neuilly (Hauts-de-Seine), capitale de l’immobilier à forte plus-value, sont dans le meilleur des cas de laides grimaces en forme d’insultes à l’intelligence du public.
Sarkozy est l’apprenti-sorcier qui entre deux risettes forcées continue jusqu’au bout à distiller des vilenies mensongères.
Sarkozy est l’homme qui chez Arlette (Chabot), et au nom de sa "vérité", redit sans fin qu’il faut "maîtriser l’immigration", pourquoi ?
Parce que, m’dame Chabot, y a quand même 450 millions d’enfants (noirs) en Afrique, et vous comprenez bien, m’dame Chabot, qu’on va manquer d’écoles pour tous les accueillir.
Sarkozy est l’homme à qui Arlette (Chabot) oublie de répondre que, jusqu’à plus ample informé, ces 450 millions de nègres n’ont pas uniment sollicité une inscription au lycée Henri IV.
Sarkozy aime à nous suggérer, comme son mentor électoral, que les Africains (mais pas que) naissent avec l’idée, pénible, de venir piquer, jusque dans nos cours de récréation, les goûters de nos enfants.
Dans le discours dégueulasse de Nicolas Sarkozy, l’étranger ne va jamais seul, mais se déplace par légions, foncées de peau, de centaines de millions d’individus soucieux de nous déferler sur, façon nuages de sauterelles.
Sarkozy, dans ces moments-là, promeut une logorrhée typiquement xénophobe - comme l’a fort bien souligné Lilian Thuram, qui ose encore, c’est assez rare pour être souligné, appeler un chat un chat.
Il est vrai : Sarkozy est courtisé par des gens qui ont de hautes prétentions intellectuelles, mais dont le discours se réduit finalement à considérer qu’il y a déjà trop de foutus nègres sur nos terrains de foot - alors vous imaginez en Afrique ?
Sarkozy est, d’abondance, l’homme des anathèmes et des relégations - dissimulés, il va de soi, derrière un nuage de poudre aux yeux.
Quand Sarkozy, dans un effort grotesque, essaie d’effacer de la photo les violences parlées dont il a voulu assommer la jeunesse des banlieues, en lui promettant à présent des centaines de milliers d’emplois, il ajoute l’insulte à l’injure - à moins que ce ne soit l’inverse.
Après l’avoir durement fouetté de ses mots (et de ceux de ses penseurs de chevet), Sarkozy trace pour Ali, Raymond ou Mamadou, Français de pleins droits natif du 9-3, un destin féerique d’esclave salarié - j’ai pour toi petit veinard ethnico-religieux un plan de carrière chez Speed Sushi, astique ta mobylette.
Même topo quand Sarkozy tance les chômeurs, implicites branleurs, du haut de sa vraie fausse compassion, énonçant que désormais il faudra que ces refusards disent "oui" (et merci) à ce que leur proposera le "service public de l’emploi" - ou qu’ils se démerdent, pas de mains, pas de chocolats - comme s’ils n’étaient qu’une file infinie de voleurs d’allocs solidement désireux de n’en pas foutre une ramée, rejetant coup sur coup des centaines d’offres d’emplois foncièrement généreuses.
Dans les deux cas le patronat, qui est l’ami d’enfance du boss de l’UMP, se pourlèche les babines par anticipation, fort (de nouveau) de la promesse qu’on lui fera bientôt livrer sur un plateau du travailleur docile.
Dans l’univers de cauchemar où s’ébat le candidat Sarkozy la horde affreuse des Africains-de-moins-de-17-ans rêve de venir piquer les minables émoluments que des patrons humanistes consentiront bientôt à "nos" jeunes-à-capuches et à "nos" salarié(e)s-en-recherche-d’emplois (histoire qu’ils puissent payer leur abonnement au câble).
Dans cet univers de cauchemar, le maître-mot est "brutalité(s)" - policière(s), si besoin était.
Arlette (Chabot) ou pas.
Par Sébastien Fontenelle
Source : http://vivelefeu.blog.20minutes.fr