6- Proposons la planification écologique
Les socialistes doivent affronter le dénigrement de l’Etat par la droite. Nous devons affirmer qu’il faut en finir avec la politique d’appauvrissement de l’Etat, de dispersion de ses biens, de recul de son action. Le programme socialiste doit être celui du retour de l’Etat redistributeur, stratège, protecteur, organisateur du temps long. Nous ne pouvons pas nous contenter de défendre les services publics. Bien sûr il faut déjà faire cela sans ménager ses forces! Mais au-delà c’est l’Etat lui-même qui doit être réhabilité. Car nous devons être conscients des reculs idéologiques que nos abandons du passé et les campagnes incessantes de la droite ont provoqués dans l’esprit public. C’est une action pédagogique et culturelle en profondeur qu’il faut conduire pour rendre sa légitimité à l’Etat. C’est pourquoi le retour de l’Etat doit être argumenté et illustré en lien avec un intérêt général évident. C’est dans le domaine de la défense de notre écosystème qu’existe la prise de conscience la plus vive aujourd’hui de la nécessité d’une action de longue durée maîtrisée par le débat et la confrontation des opinions. Chacun sent bien que la catastrophe écologique s’avance. Nous touchons là une des contradictions les plus graves du capitalisme. Le jeu des « forces libres du marché » conduit inexorablement à la destruction des conditions mêmes de la vie humaine. Seules les politiques qui oseront remettre en cause ce dogme anti-Etat permettront de lutter efficacement contre la destruction de notre environnement.
une pédagogie de l’intérêt général
La conscience d’un intérêt général écologique existe. Tout le monde est prêt à comprendre que pour agir sérieusement et vraiment, une planification écologique est nécessaire. C’est pourtant une idée très clivante. Le principe même de planification constitue une agression pour tous les adeptes du néolibéralisme. D’ailleurs George Bush a été parfaitement cohérent avec les principes libéraux en refusant de signer le protocole de Kyoto. Il ne peut accepter qu’une décision politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre s’impose à l’économie. Que sont en effet les objectifs datés et chiffrés de réduction des gaz à effet de serre sinon une sorte de « plan quinquennal planétaire » ? Mais ce plan est suspendu dans le vide. Dans la plupart des pays, aucun mécanisme ne permet d’imposer le respect des engagements gouvernementaux quand on descend au niveau des entreprises. Aucune politique de réparation écologique n’est possible à l’échelon national non plus sans planification des moyens et contrôle des résultats intermédiaires. Comment par exemple se débarrasser des dérivés chimiques tels que les PCB qui polluent pour des décennies cours d’eau et territoires !
Le mot d’ordre de planification écologique permet aussi de donner du sens concret au système de l’économie mixte auquel se réfère désormais la déclaration de principe du Parti socialiste. Prenons l’exemple de l’énergie. Aucune politique de développement durable n’est possible dans notre pays si ce secteur est dominé par les intérêts privés et leur logique de profit à court terme. La constitution d’un pôle de l’énergie comprenant EDF et GDF 100% public sera donc le pilier public de l’économie mixte dans ce domaine. En permettant au secteur de l’électricité et du gaz d’échapper à la concurrence, on leur donnera les moyens d’obéir à des exigences écologiques élevées. Bien sûr cela ne dispense pas le secteur privé d’intégrer des obligations d’intérêt général, inscrites dans la loi. C’est le cas par exemple de l’industrie pétrolière. Une entreprise comme Total ne peut avoir le droit d’amasser des profits considérables tout en refusant de se reconnaître la moindre obligation envers la collectivité. Ainsi nous pouvons faire de la France un modèle écologique dans le monde.
Par entraînement, la planification écologique réintroduira la logique de l’intérêt général dans tous les compartiments décisifs de la vie collective : santé publique, équipements, transports, éducation. La planification écologique est donc à la fois une nécessité résultant de l’intérêt général, un levier pour la mise en place de l’économie mixte et une revendication politique qui donne la priorité aux références culturelles des socialistes de solidarité par opposition à la force d’évidence que la droite a capté aujourd’hui sur ses valeurs de compétition et de valorisation des intérêts particuliers.