
« Aubry n’a pas peur de son ombre »
Pour le vice-président socialiste du conseil général de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein, l’ancienne ministre du Travail est la seule capable d’opérer une synthèse à la tête du PS.
Aujourd’hui ont lieu à Paris les états généraux de la Troisième gauche, qui rassemblent les reconstructeurs. On annonce DSK, Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Laurent Fabius, Benoît Hamon. En serez-vous ?
Mathieu Klein : « Non, car j’ai un autre engagement, mais s’il y a une réunion où il faut aller en ce moment, c’est bien celle-là ! C’est à cet endroit que les questions de fond priment sur les questions de forme, et par ailleurs, j’espère qu’il en sortira une motion qui rassemblera au moins Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Benoît Hamon. Pour tout dire, je souhaite que Martine Aubry soit la prochaine Première secrétaire du PS ! »
Prenons les choses les unes après les autres. Pensez-vous qu’aujourd’hui on est trop dans un débat de personnes, une lutte de pouvoir personnel ?
« C’est évident. On se focalise sur la préparation de l’élection présidentielle. C’est humain mais c’est beaucoup trop tôt. Le vrai problème, c’est qu’on n’est pas lisible politiquement. Dans l’opinion, la position des socialistes sur les grands débats est très peu lisible. Ça manque de contenu et on a du mal à savoir ce que les socialistes feraient s’ils étaient aux responsabilités. La question des inégalités est peu ou mal traitée par la gauche, et c’est là-dessus qu’on est attendu. »
La bataille pour le siège du Premier secrétaire a déjà commencé. Avez-vous un retour des militants sur cette question ?
« Ils ne comprennent pas pourquoi on replonge immédiatement dans cette confrontation, comme si on était incapable de tirer la leçon de la présidentielle, de trancher sur les questions de fond et de stratégie et de choisir à la fin un leader qui porte tout ça. »
Martine Aubry qui a votre préférence porte le poids des 35 heures…
« Ce n’est pas un poids, même si malheureusement nous-mêmes dans la campagne présidentielle n’avons pas été capables de les porter avec fierté tout en reconnaissant les limites, Ségolène Royal en tête… Martine Aubry est la seule dans le débat actuel qui n’a pas peur de son ombre, qui n’a pas peur de certains sujets qui fâchent, comme l’immigration, car on craint de mécontenter notre électorat. Elle est capable de faire la synthèse entre ceux qui ont envie de ne pas choisir maintenant pour la présidentielle et ceux qui ont envie d’un projet collectif. »
Si elle était désignée, on aurait deux femmes en première ligne, deux femmes de caractère qui sont réputées pour ne pas être des tendres…
« Tout à fait, mais ce n’est pas de la tendresse qu’on attend de leur part, c’est un débat politique. »
Propos recueillis par Monique Raux, le Républicain lorrain.