Manuel Valls a encore frappé.
Il arrive sur les ondes nationales, vêtu de probité candide et de son sourire de premier de classe, pour nous raconter qu’on a tout faux depuis le début avec nos 35 heures et nos régimes spéciaux. Du changement, voilà ce qu’il veut Manuel. Mais qu’on ne se trompe pas, pas du changement façon Mitterrand (Changer la vie et autres balivernes archaïques), non, non du changement façon Valls avec de la retraite tardive, et des semaines à rallonge. Voilà voilà… Ça c’est fait, qu’il a dû se dire en sortant du studio… Ce qui signifie, en clair, qu’il demande au PS (qu’on me rappelle très vite de quel côté de l’échiquier politique se trouve ce parti, mon parti, parce que franchement, y a des jours, on se pince pour être sûr de ne pas cauchemarder…) de revoir son catéchisme, sa défense des salariés et de leurs droits. Il s’inscrit en faux par rapport à Thibault et à Chérèque (encore un dangereux gauchiste !) qui ont prédit, dès hier, au gouvernement un automne plus que chaud s’ils mettent leurs projets sur rails. Sur rails, tiens justement : on me dirait que les cheminots sont directement visés par cette loi qui « est prête » et n’attend plus que le feu vert du Boss, que ça ne m’étonnerait qu’à demi. Voyez plutôt : régimes spéciaux + service minimum + réduction d’effectifs, ça fait le compte. Si t’es cheminot, tu n’as pas joué, et tu as gagné quand même. Et surtout, va falloir oublier vite fait le PS pour te soutenir dans tes manif, dans tes grèves. Parce que dans ce parti-là, monsieur, on ne lutte pas, monsieur, on triche. Et on triche même tellement bien qu’il y a encore des travailleurs pour y croire. Alors, mes camarades, quand Sarkozy me dit, par la bouche de Fillon (tiens, on l’avait oublié lui, on le croyait malade, qu’on ne le voyait plus) qu'on va devoir se serrer la ceinture, que les petits gars du chemin de fer, on va les frapper d’alignement vu que c'est privilégié et Cie ce monde-là, comme les gaziers et les clercs de notaires, que le code du travail, on peut s’en faire des papillotes, que ça y est, le MEDEF a gagné, finalement, je n’en suis pas plus émue que ça, c’est dans la ligne. On serait étonné du contraire. Mais qu’il se trouve un gars de chez nous pour dire Banco ! pour dire Chiche ! alors là, je ne marche plus. Pour être franche, il nous avait déjà bien savonné la planche cet été avec ses déclarations tordues, du genre : il faut dépoussiérer, changer le nom, changer les formes d'organisation. Changer le nom! Un parti socialiste avec des morceaux de vraie gauche dedans, à l'ancienne. Même qu'il pense qu'il faut absolument mettre le mot Gauche dans le titre. Ben oui, malin, avec des mecs comme toi, il est vraiment utile de le préciser qu'on est de gauche, parce que sincèrement, ça ne se voit pas au premier coup d'oeil ! Valls est en train de se faufiler vers un sous-secrétariat d’État chargé des faux nez et de la brosse à reluire. Il avait dit aussi: la gauche, c'est le mouvement. Avec lui, on voit bien dans quel sens il va, le mouvement ! Et les autres, en face, tu parles qu’ils se marrent ! Eux, tranquilles, ils attendent que ça tombe. Et le pire, c’est que ça tombe, justement. Si c'est pas malheureux ! Dîtes, vous faîtes comment, vous, pour ne pas balancer la radio par la fenêtre des jours comme ça ?
PS : puisqu’on parle de radio, profitons-en pour dire comme on est contents de retrouver Frédéric Lodéon à 16 heures tous les jours sur Inter. Ça ne nous console pas du départ de l’autre Frédéric, Bonnaud, mais c’est déjà ça. À la place de Bonnaud, ils ont mis Yves Calvi. Peuvent dormir tranquilles, pour le poil à gratter, il a loupé le CAP…
brigitte blang prs 57