La gauche face aux défis de la rentrée
(lu dans l'Huma)
Politique. La fin des congés accélère les débats au sein des partis après l’échec électoral du printemps. Des voix s’élèvent pour une riposte plus efficace face au rouleau compresseur sarkozyste.
La gauche saisira-t-elle l’occasion de la rentrée pour sortir de sa torpeur ? Sonnée par son échec électoral, elle peine à retrouver des couleurs. Divisée, atone face à la frénésie ultra-libérale de Nicolas Sarkozy, en mal de projet mobilisateur, la gauche s’interroge sur son utilité et son avenir, alors que se profile déjà l’échéance des élections municipales de mars 2008.
« La gauche ne joue pas son rôle »
Au Parti socialiste, on se remet à peine des débauchages intenses de Nicolas Sarkozy. Le bilan des cent premiers jours d’opposition à la politique sarkozyste donne lieu à des commentaires amers. Pour Jean-Luc Mélenchon, qui boudera l’université d’été à
Clarifier objectifs et moyens
Reste que l’équation d’une opposition efficace passe par l’élaboration d’un nouveau projet qui la porte. Celui-ci devra effectuer les clarifications nécessaires sur les « valeurs » de la gauche, ses objectifs et les moyens de les atteindre, qui ont été mis à mal par la campagne acharnée de la droite sur le « mérite », le « travailler plus » et la liquidation des acquis sociaux de mai 68, mais aussi par celle de Ségolène Royal. Le flou et les revirements sur la nation, la sécurité, mais aussi sur les trente-cinq heures, « l’assistanat » des chômeurs ou plus récemment le SMIC à 1 500 euros, ont désorienté les électeurs de gauche. A l’heure du bilan, les fidèles de l’ex-candidate et d’autres courants comme celui de Dominique Strauss-Kahn ou de jeunes responsables comme Manuel Valls entendent bien pousser les feux d’une « rénovation » inspirée d’une adaptation du PS à la mondialisation libérale qui ne dit pas son nom. « Une grande partie des idées de gauche se sont épuisées, a confié le maire d’Evry au Figaro. Nous pouvons faire un bout de chemin avec la majorité (de droite - NDLR) sur des sujets qui peuvent faire consensus », comme « la justice », « la lutte contre la criminalité » ou encore le « dossier de l’immigration ». Un glissement vers la droite revendiqué d’autant plus ouvertement que les alliés de gauche du PS, et singulièrement le PCF, sortent très éprouvés de la séquence électorale, et sont confrontés eux-mêmes au défi de renouveler leurs conceptions et leur projet.
La recomposition en débat
Cet affaiblissement de la gauche dans sa diversité fonde aussi la nécessité, pour une partie de la gauche, de rechercher les voies d’une recomposition. La direction du PS a adopté en juillet une « charte de la rénovation » pour fonder « la gauche du XXIe siècle » avec calendrier (automne à février) et méthodes (forums thématiques, rencontres avec les partis) pour « tracer les nouvelles frontières de la gauche ». Chez les Verts, le libéral Daniel Cohn-Bendit milite pour une nouvelle force écologique alliée du centre-droit de François Bayrou. Une tentation qui traverse aussi le PS depuis la présidentielle, François Rebsamen, ex-directeur de campagne de Ségolène Royal et numéro deux du parti, prônant des « alliances locales » avec le Mouvement démocrate aux municipales de 2008. Vincent Peillon, ex-porte-parole de Ségolène Royal, a quant à lui renouvelé sa proposition d’« assises de la gauche » avec « les écologistes, les communistes, les démocrates, les radicaux, les citoyens » pour préparer un grand parti de gauche.
Sébastien Crépel