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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


L'addition salée de Nicolas Sarkozy

Publié par prs 57 sur 29 Août 2007, 10:11am

Catégories : #syndicats

Fonction publique. Les syndicats de fonctionnaires réclament un débat sur les missions du service public plutôt que de tailler dans les effectifs. Le contentieux s’alourdit avec le gouvernement.

Y aurait-il en France trop d’enseignants, trop d’infirmières, trop de fonctionnaires ? « Oui », répond sans ambages Nicolas Sarkozy qui a fait du non-remplacement d’un départ en retraite sur trois dans la fonction publique la pierre angulaire de son programme politique. « Et si on discutait plutôt des besoins de la population ! » rétorquent les syndicats qui se sont déclarés vendredi « excédés » des « sarcasmes », des « approximations » et du « mépris » avec lequel le gouvernement les traite. Deux logiques s’affrontent. Deux conceptions de société se font face lors des rencontres entre syndicalistes et ministres en vue de préparer les quatre conférences sociales spécifiques à la fonction publique qui débuteront en octobre.

« On touche à l’offre d’éducation »

Côté syndical, la reprise de contact entre les huit fédérations (FSU, CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC, UNSA, Solidaires) s’est conclue vendredi par une déclaration acerbe contre « la logique exclusivement comptable » qui prévaut dans les choix gouvernementaux. En effet, 22 700 postes vont être supprimés en 2008, le double de 2007. « La vraie question consisterait à se demander combien de fonctionnaires sont nécessaires pour garantir les missions de service public, pour une bonne éducation des enfants par exemple, ou une prise en charge normale des soins de santé », commente Jean-Marc Canon, secrétaire général de l’UGFF CGT. L’éducation nationale, qui pèse pour moitié dans le nombre de fonctionnaires, va supporter la moitié du dégraissage avec 11 000 emplois en moins. « Ce chiffre prouve que la logique gouvernementale est purement budgétaire et non réfléchie en fonction des besoins », ajoute Gérard Aschiéri. « Là, on touche à l’offre d’éducation nationale », prévient le secrétaire général de la FSU. Le gouvernement envisage en effet de supprimer des options et de tailler dans les horaires scolaires.

Pour masquer son funeste projet, le président de la République manie la carotte et le bâton. Si les fonctionnaires acceptent d’être moins nombreux, ils seront mieux payés, promet-il. Nicolas Sarkozy propose que la moitié de la somme économisée par les suppressions de postes soit redistribuée aux agents.

Sarkozy veut « refaire l’État »

Mais les syndicats ont fait les comptes : 400 millions d’euros « redistribués », cela représente la peccadille de 0,3 % d’augmentation générale pour les 5 millions de fonctionnaires. Or, en matière salariale, le contentieux est là aussi déjà très lourd. Aucun coup de pouce n’est venu agrémenter 2007. Les arbitrages pour le budget 2008 sont quasiment rendus et aucun rendez-vous de négociation n’est programmé. « C’est un deal perdant-perdant que nous propose le président de la République. Il prend le risque que baisse la qualité du service rendu », regrette Jean-Marc Canon.

En réalité, le président, qui doit dans les prochains jours s’adresser aux fonctionnaires, va effectivement répartir une partie des sommes économisées. Mais il n’entend pas du tout le faire par une mesure générale d’augmentation du point d’indice, base de calcul du salaire des trois fonctions publiques. L’objectif est d’introduire la rémunération au mérite. La droite veut tailler dans un statut salarial qui reste collectif et égalitaire dans le salaire comme dans le déroulement de carrière. Encore candidat, Nicolas Sarkozy avait livré sa vision du service public dans son discours de Périgueux, en octobre 2006 : « Nous ne moderniserons pas la France sans refaire l’État. J’ai la conviction que l’État n’a pas vocation à se mêler de tout, à intervenir partout. Je propose que le principe de la gestion de l’État soit désormais la productivité et l’efficacité de la dépense publique. » Pressé de s’expliquer, il avait alors ciblé des domaines dans lesquels il serait possible de tailler dans les effectifs : les douaniers, du fait de la disparition des frontières, les agents des impôts, du fait d’une réorganisation des services… Point question, alors, de réduire la voilure de l’éducation nationale. C’est pourtant l’enseignement, en butte à une augmentation du nombre des élèves et en première ligne dans la lutte contre l’échec scolaire, qui va payer la note la plus salée de la rentrée.

Paule Masson (dans l’Huma le 28 août)

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