Manuel Valls, qui nous a déjà habitués à ses valses hésitations, notamment avant le rejet du traité constitutionnel européen, en mai 2005, vient de jeter bas ses derniers doutes et de nous asséner ses nouvelles certitudes.
Dorénavant, pour lui, Jean Jaurès ne fait plus partie de ses références. Son modèle c’est Georges Clemenceau.
Rappelons, à tout hasard, que celui-ci n’a jamais été socialiste. Rappelons aussi qu’au début du 20ème siècle, alors qu’il était président du Conseil, il s’était proclamé le « premier des flics » et qu’il n’a pas hésité, pour faire « honneur » à son titre, à réprimer sauvagement les grévistes. De ce jour, Jaurès s’était brouillé avec lui.
Ainsi, il ne suffit plus à ce monsieur et à ses émules de vouloir jeter Karl Marx par dessus bord, au nom de la modernisation du parti socialiste, il leur faut, maintenant, la tête de Jean Jaurès. Pour que leur reniement soit complet, il ne leur reste plus qu’à précipiter Blum et Mitterrand dans l’oubli.
Mais là n’est pas le plus grave. Après tout, se renier c’est changer d’idéal politique. Liberté d’opinion oblige, il n’y a rien à redire à cela. Il n’y a simplement qu’à engager le fer avec les renieurs sur le terrain du débat démocratique.
Le plus grave, c’est que ces gens continuent à se prétendre socialistes. Ainsi, au reniement, ils ajoutent l’infamie.
Le plus grave, c’est qu’aucun des dirigeants du parti socialiste ne s’est indigné d’une telle déclaration, pas même notre camarade Mélenchon, me semble-t-il. Pire, Valls peut encore prétendre y jouer les premiers rôles, voire le premier.
Robert Mascarell (10 mai 2008)