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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


voyage en fraternité

Publié le 22 Novembre 2010, 00:00am

Catégories : #histoires et histoire

 

cam70Ça se passe au printemps de cette année. Juste après les régionales, entre deux coups de pot de colle et de tracts, et juste avant de se lancer dans la bagarre des retraites. On se balade du côté du Jura, avec Hélène, une née-native, et qui connaît son pays comme sa poche. De vallons en forêts, de reculées en abbayes, de Courbet à Hugo, elle est incollable. Et une de ces journées-là nous vit à Saint-Claude. Saint-Claude, ce n’est pas seulement la capitale des pipiers. C’est, dans une cour, un endroit tout à fait particulier, ça s’appelle la Fraternelle. La bien nommée. Née d’une utopie, à la fin du 19ème siècle, fondée par le Cercle Ouvrier de Saint-Claude. Ici, sera mis en chantier l’idéal communiste : créer une épicerie coopérative, et rendre les bénéfices aux travailleurs, par des projets sociaux (mutuelles de secours, caisse de retraites…). Jaurès soutient l’idée, parce que c’est vrai qu’il faut bâtir le socialisme de demain. Il faudra bien du temps et de l’audace, mais la Maison du Peuple sera inaugurée en 1910. Riche de son cam68nom, elle groupe tous les commerces qui nourrissent le corps, mais aussi bien sûr ce qui grandit l’esprit : bibliothèque, cinéma, théâtre, imprimerie d’où sort la presse socialiste, ententes sportives, universités populaires, mais aussi bistrots où on se retrouve après la journée de boulot. Jusqu’en 40, la Fraternelle sera de toutes les grandes batailles ouvrières. Pendant la guerre, elle ravitaille les maquis, alors suivront les représailles : pillages, déportations, incendies des bâtiments. La « Frat » décline… et renait, en 84. Entrez dans cette cour, saisi de l’esprit qui souffle. Le buste de Jaurès, des affiches de 68, des allégories militantes, un cinéma, un café-concert, pas de doute, on est en plein dans l’idéal fouriériste. Des balcons en fer forgé, chacun portant les premières mesures de partitions : Le Temps des Cerises, bien sûr, mais aussi l’Internationale, et l’Arlésienne. Vous ressortez de là requinqué, prêt à batailler à nouveau, à tenter l’aventure du socialisme qui mérite son nom, au-delà des utopies et des barrages… Ils l’ont fait en 1910, il y a tout juste 100 ans. Alors, vous vous dîtes : et pourquoi pas ?

 brigitte blang

(photos pg 57 avril 2010)

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