chez les copains d'à côté

Une communication de nos voisins, nos copains de dei lénk (parti frère au Luxembourg, … et ils ont du mérite !)

Les Roms dans l’UE

Interview avec Karin Waringo, présidente de l’association Chachipe qui défend les droits des Roms (1e partie)

Pourquoi une politique dressée contre les Roms s´est-elle renforcée dans l´UE pendant les dernières années?

Nous avons déjà connu une vague de racisme contre les Roms, en début des années quatre-vingt-dix, au moment de la chute des régimes socialistes. Il y a eu de pogromes dans certains pays de l’Europe de l’Est, comme en Roumanie, mais aussi en Hongrie. Aujourd’hui, l’Europe est de plus en plus en prise avec le nationalisme. Définir une identité nationale implique toujours et automatiquement se différencier des autres qui ne sont pas censés faire partie du collectif national.

Les Roms sont des éternels étrangers de l’intérieur. Ils sont en Europe depuis plus de six cents ans. Ils ont contribué à la culture européenne au niveau de l’art et de l’artisanat. Ils ont, peut-être à leur insu et malgré eux, contribué à maintenir vivante une certaine idée de la liberté, d’une vie qui ne se résumerait pas uniquement à une soumission aux contraintes. Cependant, on les chasse et on les méprise.

Traditionnellement, les Roms ont une fonction de bouc émissaire. C’est encore plus vrai dans un contexte de crise comme nous le vivons actuellement. Prenons par exemple la France ou l’Italie, où des gouvernements s’en prennent aux Roms pour dissuader des problèmes politiques internes. D’après les ONGs, il y a environ 15000 Roms roumains et bulgares en France. En fait, il faudrait plus justement parler de Roms roumains et bulgares en situation de précarité, puisqu’il y en a certainement aussi d’autres qui sont parfaitement intégrés, et qu’on ne remarque pas.

Qu’est-ce qu’ils ont fait pour maintenir tout un pays, une nation, en haleine? La réponse est, rien. Tout simplement, ils sont là et ils sont visibles, parce qu’on les prive de la possibilité de s’intégrer en France, de travailler et de scolariser leurs enfants. Alors, on transforme la victime en coupable. Même chose en Europe de l’Est, où beaucoup de Roms subissent une situation extrêmement précaire depuis la chute du communisme. Après avoir perdu leur travail, ils perdent leur logement et s’entassent dans des bidonvilles, dans des situations indignes et insalubres.

Au lieu de s’interroger sur le processus qui a fait en sorte qu’il y a de plus en plus de Roms marginalisés, on les accuse d’être des faits-néants et des vaux-riens. L’extrême-droite va plus loin et prend les Roms comme cible de ses attentats. Au cours des deux dernières années, nous avons vu plusieurs dizaines d’attaques racistes contre les Roms en Hongrie, en Slovaquie et en République tchèque, dont certaines ont été mortelles.