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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


retraites, on en parle

Publié par prs 57 sur 16 Février 2008, 00:00am

Catégories : #prs57

Réformes des retraites : une fabrique à pauvres

 Face au décrochage des revenus des nouveaux retraités et à la remontée récente de la pauvreté chez les personnes âgées, la droite vient d’annoncer en catastrophe une revalorisation du minimum vieillesse. Un rideau de fumée  face aux effets des réformes de 1993, 1995 et 2003 décidées par la droite.

 Revalorisation du minimum vieillesse : une goutte d’eau

Créé en 1956 par Guy Mollet, le minimum vieillesse est une allocation de solidarité versée à 600 000 personnes de plus de 65 ans dont les droits à la retraite sont inexistants ou très faibles. Comme la vocation du minimum vieillesse était de sortir  les personnes âgées  de la pauvreté, la gauche s’est attelée à le revaloriser  pour faire passer son montant au-dessus du seuil de pauvreté. Ce fut le cas à partir de 1981 où des revalorisations successives (dont + 25% tout de suite) permirent au minimum vieillesse d’atteindre en 1984 l’équivalent de 110% du seuil de pauvreté. Puis au fil du temps, les revalorisations annuelles ne suivant pas l’évolution globale des revenus, le minimum vieillesse est repassé sous le seuil de pauvreté pour stagner depuis 2001 à hauteur  de 92 % de celui-ci. Ceci en utilisant la définition française du seuil de pauvreté car avec la définition européenne (moins de 60% du revenu médian) le minimum vieillesse n’en représente que 77%. La revalorisation annoncée par la droite de 25% sur 5 ans, à supposer qu’elle soit appliquée, ne permettrait même pas d’amener le minimum vieillesse au-dessus du seuil de pauvreté. La droite ne ferait que combler partiellement le trou qu’elle a creusé depuis plusieurs années.

 Les promesses non tenues de la loi de 2003

Par ailleurs, la revalorisation du minimum vieillesse  n’améliorera pas le niveau des petites retraites. Là aussi, on assiste à un décrochage important par rapport aux revenus du pays et même par rapport aux prix. En contrepartie des allongements de durée de cotisation, la loi Fillon de 2003 sur les retraites  avait pourtant promis à son article 27 de garantir la revalorisation des pensions au moins en fonction de l’inflation. Or pour 2008, le gouvernement a revalorisé de 1,1% les pensions du régime général alors que l’inflation prévue est d’au moins 2,3%. Et depuis 2003, l’État ne s’est même pas appliqué à lui-même ce qu’il avait inscrit dans la loi : les pensions de la fonction publique n’ont revalorisées que de 7,3 entre 2003 et 2007, alors que les prix augmentaient de 9,2% sur la même période. Autre engagement non tenu de la loi de 2003 : permettre en 2008 aux salariés ayant eu une carrière complète  au SMIC de partir avec une pension d’au moins 85% du SMIC net. Or, avec une retraite plancher pour une carrière complète de 570€ et une retraite complémentaire moyenne de 150€, les smicards partent aujourd’hui en retraite avec environ 70 du SMIC ; loin des 85% promis. La loi de 2003 sur les retraites n’a donc eu que des inconvénients pour les salariés. Cette arnaque devrait faire réfléchir les syndicats (CFDT et CGC) qui en 2003 avaient accepté de soutenir la réforme des retraites au nom de ces contreparties.

 Une machine à appauvrir les salariés

Les travailleurs ont subi de plein fouet depuis 2003 l’allongement progressif de la durée de cotisations à 40 annuités pour obtenir une retraite à taux plein. Le résultat immédiat de cette augmentation  est de réduire le montant moyen des pensions obtenues par les salariés qui partent à la retraite à l’âge de 60 ans. Et avec l’entrée de plus en plus tardive sur le marché du travail, cette dégringolade du niveau des pensions touchera même ceux qui accepteront de travailler au-delà de 60 ans. La contraction du niveau des pensions se manifeste de manière criante avec l’envolée du nombre de retraités bénéficiaires de la retraite plancher de la sécurité sociale (570€). Alors qu’il ne concernait que 33% des nouveaux retraités en 1993, ce « minimum contributif » en concerne aujourd’hui près de la moitié. L’allongement de la durée requise de cotisation à 41 annuités (annoncé pour la loi de 2008) puis à 42 annuités à partir de 2012 aggraverait cette tendance. Car, après avoir fait sauter le dernier verrou de résistance que constituaient les régimes spéciaux (toujours à 37,5 annuités jusqu’en 2007), c’est la cible de 45 annuités fixée par le MEDEF que la droite a en ligne de mire. Les taux de remplacement du dernier salaire par la pension vont donc continuer à dégringoler d’environ 85% en moyenne avant 2003, à moins de 70% à l’horizon 2020 (pension de base et complémentaire cumulées).

 Le cocktail explosif de la pauvreté et de la dépendance

Un nombre croissant de personnes âgées basculerait alors dans la pauvreté. Déjà depuis 2002, le nombre de retraités vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 63% et l’on compte aujourd’hui plus de 700 000 pauvres de plus de 60 ans. Alors que dans la période 1950-1990, les politiques publiques avaient permis un recul considérable de la pauvreté chez les plus âgés, les réformes de 1993, 1995 et 2003 renversent dramatiquement cette tendance. La situation est d’autant plus préoccupante que l’augmentation de l’espérance de vie va confronter de plus en plus de personnes âgées à des situations très coûteuses de dépendance à partir de 70 ou 80 ans. Face à ce nouveau risque  qui devrait justifier la création d’une nouvelle branche de la sécurité sociale, la droite ne propose aucune réponse solidaire. Sarkozy a en effet considéré le 17 septembre 2007 dans son discours sur les questions sociales que « la dépendance des personnes âgées est le plus souvent un risque assurable qui peut être couvert en partie par des produits financiers innovants ». Le résultat logique de ce choix marchand sera la sélection des risques par les assureurs loin de toute logique de mutualisation. Seront laissés sur le carreau ceux qui en auront le plus besoin, c’est-à-dire ceux qui cumuleront pauvreté et grande dépendance.

 

Laurent Mafféïs dans À Gauche

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