Me revient en mémoire à l’instant où je vous cause de vieux couplets de Brassens. L’assassinat, ça s’appelait. Vous vous souvenez, ça faisait ça, à peu de choses près :
« C’est pas seulement à Paris que le crime fleurit
Nous au village aussi l’on a de beaux assassinats… »
Eh bien voilà que par chez nous, ici, ou juste à côté, on peut adapter la chanson, et en faire ça :
« C’est pas seulement à Paris que la traîtrise fleurit
Nous en province aussi l’on a de bien beaux renégats… »
À Sarreguemines, ville de juste à 10 minutes, on a un député-maire de toute splendeur UMPienne. Réélu en juin avec un score à faire pâlir d’envie Houphouët-Boigny et Gbagbo réunis ! Avec dans l’opposition municipale deux militants socialistes faisant ma foi pas si mal leur boulot d’opposants. Et puis voilà qu’il y a deux petites semaines, notre opposant (encarté en section, conseil fédéral et le toutim), il s’est mis à faire des appels du pied au député, qui soudain se retrouva paré de qualités que franchement, nous, on n’avait pas encore bien su voir, aveuglés de sectarisme que nous sommes… Finalement, la gestion de la commune, que peu de semaines avant, on critiquait ferme, n’est pas si mauvaise, et même souventes fois plutôt bonne. Et si jusqu’à maintenant il ne s’en était pas rendu compte, c’est qu’il était assourdi par les sirènes de son secrétaire de section qui faisait rien qu’à critiquer le gentil député, à longueur de réunions. Ben oui… On avait bien senti le vent tourner déjà en juin, quand il s’était mis à lancer des volées de bois vert sur le candidat du PS, comme quoi c’était une erreur de casting… Faut dire que lui, il fait toujours les bons choix, en novembre dernier, mu par je ne sais quelle sondagitude, il soutenait Royal ! En 2005, il faisait campagne pour le Oui ! Bref, il a tout juste, tout le temps ! Même lorsqu’il se laisse aller sur son blog à d’indignes propos sur les gens du voyage, vous savez bien, les voleurs de poules, ceux qui font si peur aux gentils gérants de supermarchés, si peur vraiment qu’ils doivent demander à leurs caissières de les surveiller (dans le texte ou quasi, depuis son illumination droitière, le gars, il a comme qui dirait expurgé son site ! macache pour retrouver les termes exacts)… Article qui lui valut en son temps quelques réponses courroucées de lectrices positionnées pas vraiment dans notre jardin, plutôt Bayrou, ce genre. Lectrices qui aujourd’hui trouvent très bien que ce jeune homme aille faire sa cour à la droite. Faut pas être sectaire, n’est-ce pas ? En attendant, le maire en question, il les a toutes votées, les lois de Sarkozy. Et les plus scélérates cela va sans dire. Ce petit gars qui était de gauche, c’était mon copain. Et je ne vous raconte pas comment elle me reste en travers du gosier cette affaire. On me dit ici et là, y compris au Parti, que ce n’est pas très grave. Eh bien si, c’est grave. Les idées, c’est fait pour être vécu, pas pour être bradé à la petite semaine. Et vous voudriez après ça que les électeurs s’y retrouvent ? Ceux qui vont reprendre le flambeau abandonné en milieu de campagne vont devoir mettre les bouchées doubles, voire triples, et on leur souhaite bien du courage. Il nous manque un Brassens pour nous mettre toute cette fange en chansons, avec des fleurs autour, histoire de se marrer quand même, mais vraiment, vraiment :
brigitte blang prs 57
Et puis, finalement, je vais vous dire, samedi, au Larz'als (voir article d'il y a quelques jours) j'ai eu le bonheur de parler, d'échanger avec Antoine Porcu, un gars de chez nous, de là-haut, la métallurgie, le communiste tel qu'on l'aime, l'union de la gauche comme catéchisme et la fidélité aux idées comme bagage, venu présenter ses bouquins sur les Femmes en Résistance, eh bien, ce type-là, il te console de bien des trahisons qui se conjuguent à tous les temps, sur tous les modes... on pourrait dire d'ailleurs toutes les modes, ce serait plus parlant, en l'occurence. Merci Antoine, on ne manquera pas dans ces pages de faire référence à ton oeuvre, même qu'il a été me dénicher une résistante de Cherbourg, que si ça se trouve mon papa il la connaissait!