Une défaite moins brutale, mais pas moins amère, par François Delapierre
Certes les législatives sont globalement meilleures pour la gauche que ne l’ont été les présidentielles. Alors que Ségolène Royal n’était majoritaire que dans 191 circonscriptions, la gauche l’emporte cette fois dans 227. La progression est nette : près de 20%. C’est elle qui permet à la gauche d’améliorer ses positions de 2002. Il faudra donc analyser ce qui différencie les deux scrutins. Mais il faut d’abord enregistrer le fait que le résultat des législatives n’inverse pas pour autant celui des présidentielles. La défaite est confirmée. Elle est maintenant complète et définitive. Dimanche dernier n’a donc pas apporté une bonne nouvelle. Il n’y a pas de défaite heureuse. Attention à ce qu’en fêtant ses rescapés et ses nouveaux députés, la gauche ne donne pas l’impression désastreuse de compter ses élus mais de se soucier comme d’une guigne de la grande masse de ceux qui s’apprêtent à prendre de plein fouet les mauvais coups de la droite.
Ceci étant dit, nous devons chercher à comprendre ce qui a fondé le rétablissement de la gauche enregistré dimanche dernier. A l’analyse des résultats (voir les détails dans l’article : résultats du vote), trois grandes tendances se détachent. D’abord le différentiel de participation. La gauche s’est mieux mobilisée qu’au premier tour. Tandis qu’une partie des électeurs de Sarkozy ne s’est pas rendue aux urnes. Celle-ci se concentre dans l’électorat populaire. Les retours de terrain le confirment : beaucoup de ces abstentionnistes ont fait la grève des urnes contre le projet de TVA sociale mis en pleine lumière par Laurent Fabius au soir du premier tour. Ensuite, l’importance de l’ancrage local. Dans la majorité des circonscriptions qui élisent un député de gauche après avoir voté pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle, c’est pour reconduire un sortant. Un vote de soutien aux candidats en place s’est donc manifesté qui n’avait pas été enregistré à la présidentielle. Enfin, la qualité des reports de voix à gauche a fait la différence. Celle-ci est tout à fait spectaculaire. Beaucoup d’élus de gauche lui doivent leur salut.
Ces tendances ne tombent pas du ciel. Elles découlent du contenu politique de la campagne. C’est rassurant pour des militants qui entendent changer le monde à partir d’une action consciente et raisonnée… Le grand thème de la gauche entre les deux tours a été celui de