Grève contre les heures supplémentaires obligatoires
Obernai . La production de la brasserie Kronenbourg est arrêtée et la quasi-totalité des salariés participent à l’action.
« Travailler plus pour gagner plus » : les salariés de la brasserie Kronenbourg d’Obernai dans le Bas-Rhin ne sont pas d’accord. « Ils veulent gagner plus, c’est sûr, mais travailler normalement », témoigne le délégué CGT, André Tillard. C’est à l’appel de son syndicat, pourtant minoritaire dans l’usine, que la grève a démarré lundi à 5 heures du matin. FO a suivi et la CFDT a bientôt rejoint le mouvement. D’une équipe à l’autre il s’est étendu à l’ensemble de la production.
Hier après-midi les quatre équipes, en tout près de 400 personnes, avaient arrêté le travail. Depuis la fermeture de l’usine de Champigneulles près de Nancy, le 1er janvier dernier, la tension est montée sur le site d’Obernai ou a été transférée la production de 1,2 million d’hectolitres. Les heures supplémentaires qui se faisaient auparavant sur la base du volontariat sont devenues obligatoires. « Comme la saison monte, les salariés doivent travailler tous les samedis, que ça les arrange ou pas », explique André Tillard. D’abord concentrées sur le samedi matin, ces heures supplémentaires devaient être étendues progressivement au samedi après-midi et la direction envisageait de prolonger jusqu’au dimanche 6 heures du matin. À cela s’ajoute l’intensification du travail qui devient de plus en plus stressant avec des changements fréquents d’outillage, la multiplication des contraintes. « Kronenbourg continue à supprimer des postes alors que la production monte, les gens n’y arrivent plus », poursuit André Tillard. Pour les salariés, la première revendication est donc le maintien des heures supplémentaires sur la seule base du volontariat. Ils demandent aussi 200 euros d’augmentation de salaire mensuel. Et des embauches.
Hier la direction publiait un communiqué déplorant que ce mouvement intervienne « en pleine saison, une saison exceptionnelle compte tenu des conditions climatiques favorables ». Elle reconnaissait aussi que « l’ensemble du personnel s’est profondément investi pour assurer la production depuis le début de la saison » et saluait d’« importants efforts » réalisés. Mais, alors qu’aux premières heures du mouvement elle avait fait la sourde oreille, elle acceptait finalement dans l’après-midi de rencontrer une délégation de grévistes. « Ce sont les salariés qui sont partis, ce sont les salariés qui décideront de la suite », déclarait André Tillard en relevant l’importance de la mobilisation.
J. S.
(article publié dans l'Humanité du 6 juin)