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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


Maudite soit la guerre !

Publié par Brigitte Blang sur 11 Novembre 2019, 00:23am

Catégories : #billets d'humeur

Maudite soit la guerre !

Il y a quelques années, j’avais été invitée à prononcer des mots, lors de la cérémonie du 11 novembre à Metz. Il avait alors été question de réhabilitation, de littérature, et de femmes aussi.

Brigitte 

 

« Je viens de refermer le dernier roman de Jean Échenoz. Son titre ? 14. Tout est dit, n’est-ce pas. Au chapitre 13, nous suivons un des cinq héros, Arcenel, pour une tragique promenade.

Ils sont partis à 5. 5 copains d’un coin de France. On les voit tomber l’un après l’autre. Et Arcenel ne va plus supporter la guerre sans ses compagnons. Il va partir se promener, un matin de printemps, un matin de cafard. Se promener nez au vent. Comme n’importe qui. S’en aller faire un tour. Respirer un air avec de vrais parfums. Suivre dans le ciel de vrais oiseaux, pas seulement des corbeaux. Sentir de vraies fleurs. S’amuser d’un lapin débusqué qui détale sous ses pieds. Juste se balader une heure ou deux, hors du bourbier universel. Sauf qu’un simple promeneur, par ces temps-là, ça se dit « déserteur ». Au détour d’un sentier, des chevaux, et des gendarmes assis dessus. La promenade matinale s’achève, les yeux bandés, face au peloton. Et ici comme partout, toute la troupe défile devant son corps affalé au pied du poteau. Pour l’exemple. Comme tous les autres. Comme les 650 autres.

Comme Émile Lhermenier, un Sarthois, abattu lui aussi dans l’Aisne, avec 3 des ses camarades. Le plus jeune n’avait pas 19 ans. À ceux qui l’ajustent, il crie au moment de tomber : « Mourir, moi ?  Allons donc ! C’est impossible ! ». Car oui, en effet : « c’était un temps déraisonnable… ». Un des hommes du  peloton sombrera dans la démence, et lui aussi finira oublié.

Il faudrait aussi réveiller un autre nom, celui d’Emma Bujardet, la seule femme qui ait les honneurs (honneurs ? en sommes-nous si sûrs ?) d’un monument aux morts. Morte de chagrin, dans la Creuse, après avoir enterré ses 3 fils, fauchés par cette boucherie implacable. Sacrifiés à la Grande Guerre, dont je persiste à penser qu’elle n’eut de grand que le nombre de vies fauchées en plein élan.

Et puisque vous m’offrez de pouvoir m’exprimer, en ce jour anniversaire, permettez-moi d’en profiter pour soulever un débat qui ne fait pas, et c’est bien dommage, la Une des gazettes et des médias de toutes sortes. Il serait donc question de réunir en une seule et unique commémoration le 100ème anniversaire du début de la Grande Guerre et le 70ème de la Résistance. Ah bon ? Rassurez-moi ? La Résistance, c’est pourtant bien en juin 1940 qu’elle a débuté. Ou on m'aurait trompée ?

Il n’y a aucun point commun entre ces deux guerres, si ce n’est justement d’être des guerres et de broyer les hommes. Comment dès lors accepter l’amalgame qu’on nous propose ? Amalgame qui n’a qu’un but : mettre dans la lumière politique celui qui sera chargé de mener au bout cette mission contre nature.

Enfin, je ne voudrais pas terminer mon propos sans évoquer le sujet qui nous rassemble ici et rappeler que TOUS, nous réclamons pour tous ceux qui tombèrent sous les balles des pelotons la réhabilitation pleine et entière. La réhabilitation sans exclusive. Et sans demande de pardon. Oui, mes amis, nous vivons dans une République laïque et nous n’avons que faire d’une quelconque condescendance amenant à trier les bonnes et les mauvaises brebis. Tous les fusillés doivent être réhabilités, car ceux-là, nous n’oublierons pas qu’ils sont morts PAR la France. Réhabilitation, totale, pour tous. Et le plus vite sera le mieux.

Et que pour toujours, maudite soit la guerre ! »

brigitte blang

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