Aux petits bonheurs de la semaine

En vrai, on va déjà parler de celle qui s’est finie… la semaine dernière. Oui, je sais, ce n’est pas bien sérieux de faire des comptes-rendus avec 8 jours de retard. On fait comme on peut, avec du temps qui a un peu perdu de son élasticité. Bref, mes camarades, tout ça pour dire que c’était une bien belle semaine, surtout sur la fin.

Samedi dernier le matin, une rencontre autour du souvenir de Jean Poperen, (parti il y a dix ans déjà) à la Mutualité. Haute tenue, à tous les niveaux. Que du beau linge et de brillants orateurs. Le personnage est de ce niveau, il faut le dire aussi. Pour ceux qui seraient trop jeunes (je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans, etc. etc.), en deux mots rapides, voilà qui il était.

Né en 25, fils d’instituteur et d’ouvrière, il est reçu major à l’agrégation d’histoire à 22 ans. En 43, il avait adhéré aux Jeunesses communistes clandestines. En 60, il fonde le PSU avec Gilles Martinet, entre autres, avant de participer à la naissance du Parti socialiste en 71. De mandat de député en ministère, de la mairie de Meyzieu à la direction du Parti, cet homme, à la laïcité chevillée à l'âme,  n’a jamais dévié d’une virgule sa ligne de conduite, au point que de bons esprits en avait fait un sectaire. Sectaire, Jean Poperen ? On en rit. Ou alors sectaire à la manière de Léon Blum. Un exemple de rigueur politique, de fidélité aux hommes et aux idées à commencer par François Mitterrand, mais aussi François Furet, Maspero, Le Goff, Bory, Pierre Bergé (qui était juste assis devant moi, oui, trop de chance !). Un ami des Sciences et des Arts. Samedi, à la Mutualité, ils étaient là ses amis pour simplement parler de lui : Laurent Fabius, Jean-Marc Ayrault, Bertrand Delanoë, Charles Fiterman, et beaucoup d’autres. Nous manquons de place ici pour tout dire, mais Laurent Fabius a été parfait dans son éloge, refusant l’hagiographie que Poperen le laïque aurait rejetée pareillement : « Jean était trop laïque pour être canonisé ! », mais nous appelant à remettre au goût du jour les idées de celui qui « croyait à la fraternité socialiste », celui qui était un « incorrigible minoritaire », un « passeur exigeant de la gauche », celui qui dénonçait déjà les communautarismes et les attaques contre l’École publique, celui qui croyait à la gauche rassemblée, oui, rassemblée, vous vous rendez compte? Mitterrand disait : « Je suis unitaire pour deux ». Jean Poperen, lui, l’était pour dix ! On voudrait bien aujourd’hui l’entendre commenter l’ouverture… Alors là, mes amis, on se marrerait, c’est sûr ! Samedi dernier, à la Mutualité, je me suis souvenue d’une soirée, à Metz. Un grand moment dans ma vie, croyez-moi, des rencontres comme celle-là, c’est pas tous les matins qu’on en fait. Samedi dernier, à la Mutualité, au milieu de tous ces hommes, ces femmes de parole, je me suis dit que sectaire ou pas, je préférais être minoritaire avec Poperen, que majoritaire… avec n’importe qui.

Tout de suite après, le rassemblement rue Saint-Guillaume autour de Laurent Fabius. Vous avez lu 3000 commentaires ici et là. Vous avez vu ce qu’en a dit Mélenchon ? Il a tout juste, c’est simple. Il y a eu quelques « petites phrases » dignes d’être reprises, notées, citées. On a fait siffler les oreilles des traîtres. Kouchner, Besson et leurs potes « ouverts » ont été rhabillés pour l’hiver. Ça ne mange pas de pain et ça soulage. C’est déjà ça ! Mais on n’a pas oublié non plus le gouvernement et son chef multicarte, celui qui sait TOUT faire, peut-être même la cuisine, va savoir, par les temps qui s’annoncent, ça pourra servir. Celui qui en 2 jours et 3 discours parvient à remettre en cause tous les acquis sociaux, la Sécu, les retraites, la fonction publique, les CDI, le SMIC, et j’en passe. Champion, non ? Et nous alors, on fait quoi ? On lui abandonne le terrain ? Je vais vous dire franchement, quand en section, après ça, j’entends des adhérents socialistes qui justifient les attaques contre les cheminots (et c’est des enseignants qui te disent ça, sans rigoler !...), je crois rêver, et puis non… C’est bien réel. Alors nous, mes camarades, on fait quoi ? On attend sagement que le fruit tombe, comme l'an passé ? Ou bien on reprend nos outils d’hommes et de femmes de gauche, notre combat pour les questions sociales, contre le chômage et la misère, contre les profiteurs qui ne sont pas là, mais alors pas du tout là où le pouvoir nous les désigne, pour la défense des services publics (esprit de Firmi, es-tu là ?), pour l’École et pour la Poste, des outils de Gauche pour répondre aux attaques de cette droite arrogante et « décomplexée ». Des outils solidaires, mes camarades, des outils qui ne s’usent que si on ne s’en sert pas. On en a fait la preuve il n’y a pas si longtemps. À laisser tomber nos idées fondamentales, les lignes bougent et  on ne s’y retrouve plus. Le temps presse. Les élections locales approchent. Ne craignons pas de mener campagne sur NOS valeurs, y compris dans nos cantons et nos communes. Ne craignons pas d’attaquer le pouvoir. À se replier sur des frilosités (Zut ! J’allais dire frilositudes, ça s’attrape, ou quoi ?), un jour ou l’autre on perd son âme. Et ça, c’est moche, très moche.

 On n’a pas fait le tour de la semaine, loin s’en faut. On y reviendra, parce qu’il y a eu aussi Dijon, chez Allain Graux, et ça, il faut le raconter, quand même. Rien que le voyage retour en train, ça nous prendra bien deux pages !!!  Sans parler de la rubrique ciné-bouquins qui mérite un fameux chapitre, promis ! Et puis là, tout de suite, je pense à une Luciole de toute première qualité, qui a onze ans depuis minuit et des brouettes, et qui vient d'être élue déléguée de sa classe de sixième! La valeur n'attend pas... Champagne, ma chérie !

brigitte blang prs57