Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


Oradour, une suite lorraine…

Publié par prs 57 sur 21 Août 2007, 12:57pm

Catégories : #histoires et histoire

Hier dimanche, un joli moment de balade en campagne lorraine. Sur les traces de lointaines images qui me titillaient la souvenitude. Coup de bol, j’avais un rendez-vous des plus essentiels, de ceux qu’on n’a pas le droit de rater : rendez-vous avec mon enfance, avec pour passeur celui qui fut à la fois mon prof d’histoire et de français, dans les années-collège. (Je vous avais déjà parlé de lui un jour où on se racontait un Cyrano d’anthologie dans un article, le 16 juin…) Donc, nous voilà en train d’évoquer un pourri qui est mort la semaine dernière, dans son lit, sans apparemment plus de remords que ça, Barth, le SS de la division Das Reich. Cette affaire d’Oradour, ça nous rappelle d’autres choses, à nous en Lorraine. Je vous raconte : pas bien loin de Metz, vit un petit patelin, vraiment petit petit, qui s’appelait Charly avant-guerre. Début des années noires, les habitants de ces coins-là partent se réfugier en Limousin. Mon super prof, M. Bello, lui, il était à l’école à Bellac, par exemple. Ceux de Charly, eux, c’est à Oradour-sur-Glane qu’ils sont partis pour échapper à la sale guerre. Vous entrevoyez bien la suite ? Ben oui, Oradour, jusqu’au 10 juin 44, c’était bonne pioche, à tous points de vue. Mais ce jour-là, … Sur les 39 réfugiés lorrains, 1 seul gamin a été sauvé. Roger Godfrin, c’était. Il avait 8 ans en 44. Son père l’avait prévenu : si tu vois un uniforme allemand, tu files. Il a filé. Il les connaissait, lui, les uniformes allemands. Tous les autres y sont restés… Il est mort il n’y a pas bien longtemps, en 2001. Ça fait bizarre, hein, une histoire comme celle-là ?  Des familles entières, qui essayaient de vivre tranquillement ces années de… dans une campagne paisible, et puis tout à coup, noir absolu, fini le bonheur, terminée l’insouciance de l’enfance… Si vous passez un jour en Moselle, faîtes un petit crochet par ce village. Un simple village lorrain, pas de pub inconsidérée, rien qui vous raconte cette histoire (moi, j’ai eu la chance d’avoir un prof, qui était un gamin aussi en ce temps-là, ça m’a bien ouvert les écoutilles, en plus de mon papa résistant…), à part ce monument, cette stèle au pied de laquelle des plaques de pierre gravées donnent les noms et les âges des victimes. C’est poignant, vous savez, il y a un bébé dans la liste, de quelques mois, le chiffre est effacé… Mon prof, il me disait hier que de la cour de son lycée, ce jour-là, il voyait la fumée qui s’élevait d’Oradour… ils ont compris plus tard. Et puis la fin : en 50, le patelin, il a obtenu le droit de changer de nom : Charly-Oradour, il s’appelle maintenant. Voilà, une page d’histoire lorraine. La Lorraine, terre de conflits sans fin, terre d’échanges, terre de traités, terre de misère souvent, et puis là, terre en exil, pour mourir de la façon la  plus ignoble qui soit… Charly-Oradour, il s’appelle, ce village, allez-y.

brigitte blang prs 57

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents