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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


C'est à Craonne, sur le plateau…

Publié par prs 57 sur 13 Avril 2007, 10:11am

Catégories : #histoires et histoire

Il y a 90 ans…

Parfois lorsque l’actualité est si vide (pardon ? Vous disiez ? Campagne électorale ? Ah bon…) il prend l’envie d’aller fouiller un peu l’histoire. Ces jours-ci, justement, on pourrait se souvenir de 1917, le terrible printemps de 1917.

Le propos n’est pas ici de raconter les mutineries d’avril et de mai 17, à la suite de l’échec de la tactique « Nivelle », au Chemin des Dames entre le 6 et le 19 avril (pour info : 40 000 tués, 80 000 blessés…). Des mouvements de protestation suivirent des refus de monter en ligne, comme qui dirait une « grève de soldats ». L’occasion pour quelques uns de traduire en chansons ce qu’on nommerait aujourd’hui un ras-le-bol. Chansons anonymes le plus souvent, on peut comprendre, les auteurs et même les chanteurs recherchés toujours, retrouvés parfois, punis évidemment. Des deux côtés, bien sûr, on entendit l’Internationale, mais aussi, la plus célèbre d’entre toutes, cette « Chanson de Craonne », qu’on eut tôt fait d’interdire, de pourchasser, comme portant atteinte au moral des troupes (ce ne serait pas plutôt l’horreur de la guerre qui sapait le moral des troupes, par hasard ?). On offrit des primes à qui dénoncerait l’auteur. En vain. Les combattants l’avaient appris ce refrain qui disait si bien leur détresse, leur hâte d’en finir de cette guerre sans fond où « ils crevaient pour messieurs les gros », leur refus de continuer à être sacrifiés, à servir de chair à baïonnette à cet acharnement sans fin. Toutes les troupes engagées au Chemin des Dames sont concernées, contrairement à ce qu’on a longtemps voulu nous faire croire (Mutineries ? Phénomène isolé, deux ou trois cas ici ou là…). Plus de 3400 cas (individuels ou collectifs) seront jugés, qui condamneront à mort 554 troufions misérables, au bout du rouleau, à bout de forces. Ces « messieurs les gros » ont dû être étonnés : le soldat était donc une personne vivante, avec une tête et un cœur ? Et la guerre pouvait donc être remise en question, par ses propres acteurs, soudain rebelles ? Tous ceux qui en sont revenus ont gardé à jamais le souvenir obsédant de la boucherie organisée, de l’odeur harcelante. L’un d’eux raconte : « Au petit jour, dans le boyau, je croyais avoir la veine de ramasser une boule de pain. C’était la tête d’un boche qui émergeait du sol. ». Il faudra désormais compter avec le poilu. Mais on devra attendre Lionel Jospin, premier ministre en 1997, pour rendre leur dignité à tous ceux-là qu’on avait niés jusque alors.   (brigitte blang prs 57)

 
Quand au bout de huit jours le repos terminé
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c’est bien fini on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civelots
Même sans tambour, même sans trompette
On s’en va là-haut en baissant la tête.

 Adieu toutes les femmes
C’est bien fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés.
Adieu la vie, adieu l’amour

C’est malheureux de voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu de s’cacher tous ces embusqués
Feraient mieux de monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens car nous n’avons rien
Nous autres les pauvres purotins
Tous les camarades sont étendus là
Pour défendre les biens de ces messieurs-là

 Ceux qu’ont l’pognon ceux-là reviendront
Mais c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour messieurs les gros
De monter sur le plateau
Par si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau.

 

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