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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


Étonnants voyageurs…

Publié le 9 Mai 2008, 23:01pm

Catégories : #un peu de ciné - de lecture - de culture

…ou quand les écrivains redécouvrent le monde.

 



J’en connais ils sont partis se dorer la pilule au soleil de Bretagne. Pour la semaine passée, ils avaient tout juste. Là depuis ce matin, c’est plutôt mauvaise pioche. Alors, pour les faire patienter jusqu’au retour du grand beau, voilà une activité choisie, colorée, un poil nomade, tout ce qu’il faut pour faire d’un week-end pluvieux deux jours de rêve et de départ.

Ça se passe à Saint-Malo, c’est comme qui dirait un salon du livre, et ça s’appelle Étonnants Voyageurs ». Un nom comme ça, ça ne peut que nous parler, à nous tous qui voulons « aller voir ». Allons-y donc…

 

Michel Le Bris a inventé ces journées il y a 18 ans. Encore un festival breton, binious, bombardes et le tremblement, gavottes et coiffes empesées, vous entends-je maugréer ! Eh bien pas le moins du monde, figurez-vous.  Il s’agit d’un salon unique, en vérité, de ceux qui laissent des traces. Là se retrouve tout ce que la littérature vagabonde compte de pointures, les routards, les marins, les sillonneurs de routes, les parcoureurs de vagues, les escaladeurs de sentiers, les grimpeurs de rêves. Rien ici n’est laissé de côté. Pas de hiérarchie dans les choix d’invités, romans, récits, photos, BD, fiction, polars, tout y bienvenu, pourvu que ça te dépayse, c’est même pour ça que ça existe, Étonnants Voyageurs ! 

Cette année, le thème, c’est « Migrations », ça nous cause, non ? Et voyez un peu, on n’est pas volé sur le programme, il y a « du beau linge » comme on dit par chez moi:

Et pour commencer, un hommage à Nicolas Bouvier, dix ans déjà qu’il manque à l’appel sur le pont. On va relire ses textes, on va revoir ses photos, on va se gargariser de ses vers, on vous en donne quelques-uns ici, seulement pour vous faire envie !

Ce midi-là
La vie était égarante et bonne
que tu lui as dit ou plutôt murmuré
« va-t’en me perdre où tu voudras »
Les vagues ont répondu « tu n’en reviendras pas. »
(Le dehors et le dedans)

Bien sûr, un clin d’œil à 68, ça s’imposait. On va croiser les deux Jack, London et Kerouac, Bob Dylan, Philip K. Dick, le jazz et les hippies.

Dans la catégorie photos, un incontournable : Sebastiao Salgado. C’est ce gars qui a photographié les damnés de la terre, les mineurs d’or, les gamins des rues et des champs, les femmes harassées. Certaines chansons de Lavilliers (tiens, ça faisait longtemps !) comme Gentilshommes de fortunes ou Fortaleza semblent avoir été écrites seulement pour illustrer l’œuvre de Salgado.

Didier Daeninckx, un des porte-drapeaux de la littérature engagée politiquement. On a déjà ici évoqué sa BD Il faut désobéir, sur les Justes, à Nancy. Ce qui sort ces jours-ci, c’est un bouquin façon retrouvailles sur fond de souvenirs des années soixante et soixante-dix. Les uns et les autres se cherchent sur un site « copains d’avant », ou à peu près, (marrant d’ailleurs, ce site, plein d’anciens élèves me contactent par là, c’est plutôt rigolo). Ils ont changé, mûri, évolué, dans tous les sens du mot. On les suit, on les aime plus ou moins, en tout cas, ça nous rappelle des potes à nous, et ça donne envie de les retrouver aussi, les gamins de ces années-là, qui partageaient les gauloises de nos récrés.           

Isabelle Autissier, on l’écoute avec bonheur tous les dimanches matins sur Inter, à l’heure du thé, celui du matin. Elle sera là aussi, évidemment, si elle n’y était pas, à quoi ça servirait Étonnants Voyageurs ? Elle arrive avec une écriture à quatre mains, « Versant Océan, l’île du bout du monde », écrit avec un alpiniste (et pourquoi pas ?) Lionel Daudet. Ces deux-là sont partis voir une île vraiment au bout de tout, la Géorgie du Sud. On l’entendait à l’époque raconter ça dans le poste, ça faisait rêver, le livre, une espèce d’abécédaire, est encore plus chouette, c’est vous dire ! Sans compter qu’ils se penchent sur des réflexions bien actuelles, le Grenelle, ils l’ont testé pour nous, grandeur nature, et c’est autrement plus intéressant à feuilleter.

On verra aussi Olivier Roellinger, « le » chef de Cancale, qui est aussi un homme de mer, et de passion. Cette année, comme tous les ans, il sera invité de l’espace goûts et saveurs du Monde, autour de son film, Trois Étoiles de Mer. (étoile dans le sens Michelin, bien sûr !)  

D’autres rencontres ? Y a qu’à demander ! Des lectures voyageuses, par Ariane Ascaride, ou Fanny Cottençon, un auteur venu des Vosges, Pierre Pelot, un autre venu du Nord, Michel Quint celui des Effroyables Jardins, qui nous fait un cadeau cette année : une biographie de Brel : « Sur les pas de Jacques Brel ». Essai original par sa facture même : la vie d’un homme à travers les lieux où il a vécu. Brel c’est un peu de nous à chaque ligne. On a tous un peu quelque chose en nous du Grand Jacky, pas vrai ? Que ce soit à Orly, aux Marquises, ou à Amsterdam, on voudrait bien le suivre encore… Pour compenser le vide, on se précipitera sur ce bouquin, le plus vite qu’on pourra.  

 



Dernière aventure, gardée, si on peut dire, pour la bonne bouche, mon chouchou d’élection, Bernard Giraudeau soi-même en personne. On vous en a déjà dit deux ou trois lignes ici. Cette fois, il nous revient (pour longtemps, hein, Bernard…) avec un de ses romans traduit en BD par Christian Cailleaux : « Des Hommes à Terre ». Ce bel acteur fut aussi marin en son temps, le veinard, tout gamin, 17 ans à peine. Le tour du monde sur la Jeanne. Il a raconté tout ça, on le lui a dessiné. Un aveu ? J’aime trop ce qu’il écrit pour goûter tout à fait l’exercice, mais essayez, c’est quand même lui, au final. Et un marin de cette envergure, je n’en ai pas rencontré des masses, même si Cherbourg et ses quais je connais comme ma poche.



Ce samedi 10 mai (eh ! Ça ne vous dit rien cette date ?), dès 10 heures, foncez, si vous êtes dans le coin. Et écrivez-nous pour nous raconter. Allez, cadeau, quelques lignes du grand Charles. Qui a dit « De Gaulle » ?!

Etonnants voyageurs !
Quelles nobles histoires nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrits de vos riches mémoires,
Faites pour égayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.
Dites, qu’avez-vous vu ?

Charles Baudelaire

brigitte blang prs57
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M
La forme du poème de Beaudelaire, elle ressemble à un bâteau. Mais vous nous donnez envie d'aller "voir" comme vous dîtes, et on ne peut pas parce que c'est loin et que ça coûte cher les voyages. Il faudrait acheter les livres, et ça aussi c'est cher. Est-ce que vous publiez tous les commentaires, ou bien vous en supprimezr quelques-uns?
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