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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


au cinéma ce soir

Publié par Brigitte Blang sur 15 Octobre 2017, 20:22pm

Catégories : #un peu de ciné - de lecture - de culture

au cinéma ce soir

15 octobre 1940 : sortie du Dictateur de Charles Chaplin

1940. Les États-Unis hésitent à entrer en guerre. Chaplin, lui, passe à l’acte. Son arme ? L’humour, la dérision. Il raconte en une fable hilarante, et grinçante, une histoire prophétique, pour cette année-là.  

C’est après la Nuit de Cristal du 10 novembre 1938 qu’il s’attaque au projet. Jouant des visages, des mots, des noms, des situations, il va montrer les événements tragiques qui se déroulent en Europe. Le bout du monde, vu des États-Unis qui se murent dans l’attentisme.

Un petit barbier juif, frère du vagabond Charlot, gaffeur au grand cœur, est aussi le parfait sosie de Hynkel, le dictateur de Tomania. Cette ressemblance va l’amener bien malgré lui à prendre la place du tyran et à changer l’Histoire. 

Au cours du tournage, la France, la Belgique, la Pologne, les Pays-Bas sont envahies par le régime nazi. Pourtant, ce n’est qu’en décembre 1941, après Pearl Harbour, que le gouvernement des USA décidera d’entrer en guerre… Peut-être par un film qui permit à l’opinion publique américaine d’être informée de ce qui se passait de l’autre côté de l’Atlantique.  

L’œuvre est historique à bien des égards. Premier film réellement parlant et plus grand succès de Chaplin, mais peut-être surtout, un film « engagé » au service de l’humanité.

Ce pamphlet est une évidente prise de position politique de son auteur, contre les violences racistes, antisémites, fascistes. Plus tard, lorsque débute la sinistre chasse aux sorcières dans le milieu artistique des années 50, cet engagement lui vaut les pires ennuis.

L’originalité de l’œuvre, c’est de traiter le mal absolu –la persécution des Juifs- sur un mode burlesque. À sa sortie en France, en avril 1945, les critiques jugèrent incongru, voire indigne, ce témoignage prémonitoire d’une tragédie que d’aucuns niaient encore.

Les gags se succèdent. Hitler, Mussolini sont devenus des minables sous l’œil impitoyable de l’auteur. Rien ne va comme ils veulent. Les trains se détraquent, la mappemonde explose, les spaghettis se rebellent. Pourtant, la peur rôde jusqu’au bout. Jusqu’au discours final, cet « appel aux hommes », réclamant la fraternité, la paix, la liberté, l’égalité entre les Blancs et les Noirs. Combien furent ceux qui s’en moquèrent, le trouvant naïf et dégoulinant de bons sentiments ? Mais l’humanité ne meurt-elle pas aujourd’hui encore de manquer de cette naïveté-là ?

Si The Great Dictator n’est pas le meilleur film de Chaplin, il est en tout cas le plus audacieux, le plus courageux pour oser sortir une telle charge politique, au cœur de l’actualité, alors qu’on n’évoquait qu’à peine les horreurs de la première guerre mondiale. Et la fureur d’Hitler se découvrant costumé en Hynkel est bien la preuve de la justesse du propos.

Chaplin dira plus tard : « J’ai réalisé ce film pour me venger de celui qui m’a volé ma moustache ! », une pirouette pour tous les fâcheux… 

Brigitte Blang

au cinéma ce soir
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M
Antoine de Saint Exupery lui aussi alertait les hommes sur les mêmes sujets :<br /> http://mncp71.fr/?page_id=168
Répondre
B
Oui oui, bien sûr.<br /> Sauf que là, on était en plein dedans, et le pamphlet a eu le mérite d'éveiller dès 1940 à ce que certains ont mis encore 5 ans, au bas mot, pour admettre !

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