Daniel Duval s’en est allé. Et on se surprend à rechercher les films dans lesquels on l’avait aimé. Et on est presque étonné de voir qu’il y en a tant. Et au fin fond de ces articles, retrouver celui-ci, écrit pour un 8 mars, sur le thème jamais abouti des filles au cinéma.
Le premier auquel je pense, c’est un diamant, confidentiel, comme il sied aux bijoux. Il date un peu, plus de 15 ans. Son nom : « Y aura-t-il de la neige à Noël ? » Son auteur : Sandrine Veysset. Son histoire : une mère et ses sept mômes. En filigrane, un père absent, père occasionnel, père à moitié, il a une autre famille, une vraie, une officielle ailleurs, pas bien loin, et il apparaît, comme ça, de temps en temps, le temps de se rassurer, peut-être, de savoir qu’elle est toujours là, à l’attendre, elle et les sept petits qu’il lui a faits. Ce n’est pas Zola, mais c’est bien noir quand même, c’est la vie de tous les jours de ceux-là, entre l’école et les champs, dans une campagne bien de chez nous. On se dit que sûrement on a dû en croiser de ces femmes fatiguées, pétries d’amour et d’obéissance, de ces enfants lumineux, de ces pères à mi-temps… Y aura-t-il de la neige à Noël, ça veut dire « Papa viendra, tu crois ? » Il y a du danger, de la détresse, de l’amour surtout, même s’il va toujours un peu dans le même sens. On a envie de lui dire « Barre-toi, c’est un salaud définitif, ne reste pas, file, prends-les sous le bras tes petits et file ». Mais on comprend vite que sa passion est la plus forte, jusqu’à ce que… On frôle le drame, on frôle l’inceste, on frôle la violence, mais on ne frôle pas le chef d’œuvre, on y est, en plein dedans. La nuit de Noël, la neige va tomber, en effet,-juste à temps pour transformer en conte ce qui était parti dans le registre tragédie- sur cette histoire si simple, si simple, … de ces vies où apparemment il ne se passe rien, et pourtant… Après tout, la vie des gens, c’est rarement « Autant en emporte le vent » ! On gardera le souvenir de ce père, Daniel Duval, abonné aux rôles de sales types, qui lui vont comme un gant, mais quel acteur, y compris dans l’ignoble ! La mère aussi, Dominique Reymond, harassée de maternités et débordante d’amour, si forte mais si troublante, qu’est-ce qu’ils attendent les réalisateurs pour la faire tourner, bon sang ?
brigitte blang