François Morel, l’homme qui chante et enchante nos vendredi matins sur Inter.
Avant d’avoir rendu hommage à son papa cheminot (comme le mien, dis donc !), il avait, le 6 avril, donné une chronique qui nous avait bien parlé, au PG, vu que des hommages comme ça, à cette époque, on n’en entendait pas tous les jours. Voilà un garçon qui aime la poésie, qui le dit, et qui s’offre même le luxe d’écrire sa chronique en alexandrins. L’élégance suprême. L’anti petit journal, en somme.
La campagne, on en est sortis. Comme ceci, ou comme cela. Mais ce matin-là nous restera fiché au cœur pour un bout de temps. Merci monsieur Morel.
Cadeau, voilà le texte.
Voici qu’est revenu en campagne de France
Phénomène inouï, le temps de l’éloquence.
On l’avait oubliée, la voilà revenue,
La parole exprimée, des mineurs, des Canuts,
Celle qui chantait fort, des petits, des modestes,
Les revendications, la rage manifeste.
Voilà qu’en plein meeting, on entendit les mots
D’un poète français nommé Victor Hugo.
Monsieur Victor Hugo, c’est à peine croyable,
Écrivit un roman nommé « Les Misérables ».
Si vous ne l’avez lu, lisez le livre en « poche ».
Pour Jean Valjean, Fantine, et Cosette, et gavroche.
C’est un livre d’amour, un roman populaire
Qui parle de la vie, du monde prolétaire,
C’est aussi, voyez-vous, un plaidoyer social,
Mais qui n’oublie jamais de parler d’idéal.
Comme un diable surgi dans la monotonie,
Comme un soir de printemps, une douce embellie,
Voici revigoré l’antique PCF
Qui depuis des années ne vivait que sous perf.
Voici des ouvriers qui reparlent d’espoir,
Voici qu’est évoqué à nouveau le « Grand Soir ».
Voici que l’espérance aujourd’hui a un nom,
Un prénom, et la voix de Jean-Luc Mélenchon.
Ils ne sont pas nombreux aujourd’hui les tribuns.
Il sera celui-là, s’il doit n’en rester qu’un,
Le dernier Mohican, le dernier utopiste,
Le laïc intégral, l’ultime socialiste.
Il fut, on s’en souvient, grand mitterrandolâtre,
Fabiusien, rocardien, jospinien acariâtre,
Il fut même, je crois, du genre emmanuelliste,
Mais je ne dis pas tout, car trop longue est la liste.
Marie-George Buffet a les yeux de Chimène
Pour cet homme qui vient avec son oxygène
Réanimer la flamme et redonner confiance
À son parti qu’on vit en pleine déchéance.
On peut trouver parfois qu’il en fait un peu trop
Qu’un peu trop volontiers il fait son numéro.
N’étant pas je l’avoue, fort en économie,
Je me garderai bien de juger ses avis
Sur l’emprunt, sur la dette et le pouvoir d’achat
Faudra-t-il rembourser les banquiers, ou bien pas ?
Quand il veut envoyer au gibet, à la corde,
Tous ses contradicteurs, c’est un peu monocorde.
Il est assez souvent dans la caricature
Dans l’excès, il est vrai, et dans la démesure.
Il fut leader trotskyste, jadis à Besançon,
Sénateur de l’Essonne, militant pour le non,
Il fut en d’autres temps, vous ne le nierez pas,
Un révolutionnaire en chaussons au Sénat.
Mais aujourd’hui voilà que les sondages donnent
De très bons résultats, qui tout le monde étonnent,
Pour ce compétiteur qui, au commencement,
Pesait peu, crédité d’à peine 3%.
« Les sondages se trompent, les sondages se plantent »,
S’égosille Le Pen, qui est très mécontente.
Cet homme qui naquit lors d’un referendum
Pourrait bien devenir demain le 3ème homme !
Oui, on dit aujourd’hui que cet être loquace
Peut être, au premier tour, à la troisième place.
Incroyable poussée, devancer le FN
Et son petit commerce de rancœur et de haine
L’idée je vous l’avoue ne m’attristerait pas,
La nouvelle serait réjouissante pour moi.
Je ne sais qui demain sera la bon pilote,
Je ne vous dirai pas pour qui ira mon vote.
Mais c’est plutôt, je crois, une bonne nouvelle
Que soient mises en valeur les idées fraternelles.
Quand on cite ses vers, on ne peut avoir tort,
Je parle de l’auteur Hugo, prénom Victor.