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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


je manipule, tu manipules, ils ...

Publié le 29 Juin 2011, 23:01pm

Catégories : #parti de gauche

http://www.lepartidegauche.fr/editos/arguments/3922-chomage-manipulation-chiffres

 

Il est devenu habituel, au sein du gouvernement, de s’auto-satisfaire des chiffres du chômage dès que ceux-ci sont annoncés à la baisse en pérorant sur la politique du gouvernement qui produirait ses effets positifs. Il est pourtant utile de rappeler que ces chiffres sont présentés incomplets avant de s’interroger sur la reprise de l’emploi que le gouvernement annonce.

chiffresDes chiffres tronqués

Le gouvernement commente le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A, c’est-à-dire ceux n’ayant pas travaillé ne serait-ce qu’une heure sur la période référence. S’il est donc vrai qu’en avril et depuis le début de l’année une petite baisse est observée sur cette catégorie, il reste que sur un an le nombre de chômeurs de catégorie A a augmenté de 0,2%. Cette augmentation dépasse les 3% si on inclut les chômeurs ayant exercé un emploi précaire (catégorie B et C), ce qui porte à plus de 4 millions le nombre de demandeurs d’emploi auxquels il conviendrait d’ajouter les chômeurs malades ou en formation.

De plus, on constate un basculement du chômage vers l’emploi précaire, comme le montre la baisse sur un an des offres de plus de 6 mois collectées par Pôle emploi (- 0,2%) et la hausse très importante des offres de 1 à 6 mois (+ 10,6%)1.

La méthode Coué du gouvernement

Le gouvernement ne cesse de communiquer sur le « cercle vertueux favorable à l’emploi » dans lequel serait entrée la France et qui permettrait d’abaisser le taux de chômage à 9% dès cette année. Qu’en est-il réellement ?

La rigueur n’est pas compatible avec le développement de l’emploi. Les mesures de rigueur annoncées, le blocage ou les hausses limitées des salaires, dans le même temps où de nombreux pays européens mettent en place des plans d’austérité peuvent permettre aux entreprises de reconstituer leurs marges mais pas de relancer une consommation nécessaire à la vie quotidienne. D’autant plus qu’une part non négligeable du pouvoir d’achat des salariés est aujourd’hui absorbée par la hausse du prix des matières premières et du pétrole.

Les heures sup. contre l’emploi. Le candidat Nicolas Sarkozy avait, en 2007, mené une campagne sur la valeur travail autour du slogan « travailler plus pour gagner plus », d’où la loi sur les heures supplémentaires défiscalisées. Selon Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) un supplément de 1% des heures supplémentaires détruirait 6500 emplois. Alternatives économiques de juin 2011 évaluent les 174 millions d’heures supplémentaires effectuées sur le seul premier trimestre 2011 à un équivalent de 382 000 emplois à temps plein... pour un coût de 4 milliards d’euros par an.

Vaut mieux un retraité qu’un chômeur. Tandis que le gouvernement Sarkozy retarde l’âge du départ à la retraite, les entreprises, bien souvent les très grandes, se débarrassent des salariés de plus de 55 ans qui peinent par la suite à retrouver un emploi : plans de licenciements mais aussi ruptures conventionnelles du contrat de travail. Selon une note du Centre d’analyse Stratégique, publiée le 27 octobre 2010, 400 000 ruptures ont été homologuées depuis la création de ce dispositif en 2008 et un « certain nombre » de dérives ont été constatées. Le Parti de Gauche, dans sa brochure sur les retraites mettait en évidence le risque d’une augmentation du chômage avec le recul de l’âge de départ à la retraite. Alternatives économique estime à 300 000 l’augmentation de la population active en 2011 et 2012, dont 96 000 dû à la réforme des retraites. Les chiffres du chômage montrent une hausse des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans de 0,9% sur un mois et... 14,1% sur un an.

Ce chômage des « seniors » bénéficie-t-il pour autant aux jeunes de moins de 25 ans ? Là aussi, le gouvernement a largement communiqué sur la baisse du chômage chez les jeunes. Toutefois, l’enquête Insee du quatrième trimestre 2010, constatant dans le même temps un recul de leur taux d’activité, invite à la prudence. La baisse du chômage des jeunes pouvant s’expliquer par leur non-inscription à Pôle emploi, ou la non-réinscription en cas de radiation.

La baisse du chômage passe par le progrès socialchômage manip

Rigueur, heures supplémentaires défiscalisées, recul de l’âge de départ à la retraite : aucune de ces mesures n’est favorable à la création d’emploi. La croissance chère aux libéraux pas plus. Ni même les profits des entreprises qui seraient « les investissements de demain et les emplois d’après-demain », selon la célèbre formule d’Helmut Schmidt.

Le chômage restera donc à un niveau élevé dans les mois à venir. Seule une politique radicalement nouvelle de partage des richesses et de planification écologique peut permettre de faire baisser significativement le chômage : par la réduction du temps de travail et la limitation du nombre d’heures supplémentaires annuelles ; par la lutte contre le travail précaire en réaffirmant le CDI comme norme ; par la revalorisation du SMIC et des salaires ; par la création d’emplois dans de nombreux services publics ; en relocalisant des activités industrielles ; en encourageant l’innovation utile ; en développant l’économie sociale et solidaire ; en instituant un quota maximal d’intérimaires et de CDD, sans oublier de revenir à la retraite à 60 ans à taux plein, d’abroger la RGPP, de donner de nouveaux droits aux salariés dans les entreprises et de s’opposer aux licenciements boursiers. Un gouvernement du Front de Gauche mobilisera des ressources financières nouvelles (fiscalité, modulation de l’impôt sur les sociétés, taxation des revenus financiers...) afin de pouvoir mettre en application un programme populaire partagé, qui se fixe l’objectif de partager les richesses et d’abolir l’insécurité sociale.

D’un plan à l’autre

Dans son discours du 28 octobre 2008, à Rethel, Nicolas Sarkozy annonçait un « plan de mobilisation pour l’emploi ». « Je veux réorienter les moyens vers les personnes en difficulté » affirmait-il alors. L’objectif étant de proposer à chaque chômeur concerné une formation ou un emploi. Février 2011, bis repetita, Nicolas Sarkozy annonce la mise en place d’un « plan de mobilisation pour les demandeurs d’emploi de longue durée ». 680 000 personnes devraient se voir proposer un emploi, une formation ou un accompagnement spécifique.

Ces plans à répétition ne créent pas d’emplois durables. Les moyens financiers mobilisés permettent, au mieux, de réserver des contrats aidés aux chômeurs de longue durée ou de les orienter vers des formations non qualifiantes. On comprend mieux alors la sévérité du rapport du Conseil économique, social et environnemental sur Pôle emploi, qui fustige « les exigences de suivis multiples au travers d’indicateurs principalement quantitatifs ».

Christian Gauthier (BN du Parti de Gauche)

 

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