Mais de très mauvaise humeur…
Depuis un bon bout de chemin, je ne partage plus mes colères, ni ici, ni ailleurs. Ça n’arrange rien, bien au contraire. Alors que je me suis dit, autant en faire profiter les gens…
Depuis quelques jours, à la télé, à la radio, on a droit à une opération de promo rare. Ça nous tombe de tous les côtés à la fois et si j’ai tout bien suivi, ils en remettent une couche sur la 2 demain matin à l’heure du thé.
C’est une femme, on la voit partout. Elle a des choses définitives et importantes à nous dire, c’est sûr. L’autre matin, sur Inter, je l’entendais nous appeler au réveil. Français, réveillez-vous, qu’elle nous disait. Deux jours plus tard, au journal de la 2, invitée de Delahousse, au soir de la cantonale de Brignoles, elle nous avouait, le regard embué avoir peur. Le gars lui demandait : quelle est votre réaction à cette élection ? J’ai peur… Ça, je vais vous dire, c’est de l’info. Savoir qu’on paie sa redevance pour de telles annonces, ça t’en fiche un coup ! Outre que par chez nous, dans ce genre de galaxie où nous évoluons, on n’a pas attendu qu’elle nous appelle au réveil, la dame. Surtout qu’elle, la crise, ça doit lui faire beaucoup d’effet, si j’en crois ce qu’elle nous raconte.
Alors, vous, je ne sais pas, mais moi, savoir que madame Attias a peur quand le FN gagne un canton, ça me rend songeuse. Madame Attias, vous voyez qui ? L’ex de l’ex. Ou à peu près.
Voilà où on en est rendus en France. Faire tourner en boucle sur tous les plateaux quelqu’un qui n’a RIEN à dire. Et ils s’y mettent tous. Les hebdos, les quotidiens aussi. Le pompon revenant indiscutablement au Point, qui titre : Cécilia Attias, une héroïne des temps modernes… Rien que ça ! Tout ça parce que la dame a commis deux ou trois pages censées nous apprendre des secrets d’État.
Dans le même temps ou quasi, on a aussi droit à la promo d’un autre écrivain de talent, l’historien de service, qui après nous avoir révisionné sévère Paris et ses arrondissements, s’est attaqué à tout le pays. Avec autant de distance et de bonne foi. C’est peut-être d’avoir joué les rigolos dans Kaamelott qui lui a donné des idées. Le garçon se répand partout que les spécialistes de la spécialité le persécuteraient, parce que ses « ouvrages » seraient trop ceci ou pas assez cela. En gros, ça veut dire que les critiques qui n’ont pas eu le bon goût d’apprécier sa production sont tous d’affreux gauchistes qui font rien qu’à le traiter d’incapable dans des canards un peu sérieux. C’est affligeant. Pendant ce temps-là, on a à peine mentionné le nom de la lauréate du Nobel de littérature. Alice Munro, vous savez. Non, vous ne savez pas ? C’est sûrement parce que madame Attias et monsieur Deutsch occupent tout l’espace disponible, y compris celui des cerveaux ! Du coup, les écrivains, les vrais, il ne leur reste pas grand-chose à se partager, fatal.
Alice Munro, c’est une canadienne épatante, qui écrit des nouvelles très comme il faut. Du moins en apparence. Où il est question de manque d’amour et de femmes gâchées par la vie. Lisez Alice Munro, ça va vous reposer de ces usurpateurs de mots qui viennent fourguer leur came à longueur d’antennes.
Ah ben voilà… Je vous avais prévenus aussi. Je suis un peu colère ces temps-ci…
brigitte blang