À Saint-Malo, comme tous les ans…

 

 Cette année encore, rendez-vous au festival, celui dont on ne vous parle pas dans le poste, ni sur les écrans, et même que c’est bien dommage…

 Celui-ci n’est pas pailleté, ni équipé de tapis rouge, et encore moins de marches à gravir, sauf peut-être celle des remparts. Celui-ci est littéraire. Ici, vous le savez, on goûte bien le cinéma aussi, mais pour cette fois, c’est de bouquins qu’on vous cause !

Donc, on disait, un festival. Si vous nous suivez un peu, depuis quelques années que l’aventure s’amuse sur ces pages, vous le savez, en cette fin mai, du côté de la Bretagne et de ses quais à forcer les rêves, se déroule quelque chose d’unique, que tellement ont envié qu’ils l’ont copié, les brigands, les pirates ! Ça s’appelle Étonnants voyageurs, c’est Michel le Bris qui l’a inventé et chaque année, ça rassemble tout un équipage de flibustiers des écritures. On y a suivi Nicolas Bouvier, mais aussi Orsenna, et encore Jean Rouaud, et puis Jean-Claude Izzo. On y croise des écrivains voyageurs, de ceux qui se baladent sur les mers qui bougent, et aussi ceux qui voyagent autour de leur chambre, parce qu’ils ne savent pas faire autrement. Chaque année, les thèmes se bousculent. 2010, voilà de quoi alimenter tout un programme. Au départ, c’était la Russie l’invitée d’honneur.  Et puis, la Terre en colère a dérangé un peu l’édifice, et à côté des slaves, on va rencontrer Haïti, ça s’imposait, non ? Parce que de pareilles rencontres existent à Port-au-Prince et cette année, ça devait se faire du 14 au 19 janvier, alors, comme Michel le Bris a le cœur aussi grand que le regard clair, on s’est un peu serrés, et Haïti se retrouve à Saint-Malo. Pour dire que l’écriture a raison de toutes les destructions. Mais parce qu’ils ne sont pas regardants, la Russie sera là quand même. Sympa, non ?

 Cette année, puisqu’on en parlait, ça fait juste 10 ans que Jean-Claude Izzo est parti voir si par hasard ailleurs un autre Marseille pourrait exister. Marseille, c’était le cœur de son œuvre. Et c’est en lisant Izzo qu’on finit par apprendre qu’il y a autre chose là en bas que des supporters de foot. Un bel hommage rien que pour lui, lundi matin, à ne pas manquer. Pour ne pas oublier qu’il fit partie des fondateurs de l’événement.

 Quoi d’autre ? Le 50^ème anniversaire de toutes les indépendances africaines. Avec là aussi une brochette d’auteurs étonnants, venus d’Algérie, du Bénin, du Sénégal, du Maroc, du Cameroun, du Congo et j’en oublie évidemment.

Et puis, une de nos chouchoutes ici, qu’on devinait bien placée là, depuis le temps qu’elle accumule les rôles engagés : Ariane Ascaride, pour présenter son premier film. Ça s’appelle Ceux qui aiment la France, et il y aurait là comme un rappel de certains discours malveillants et néanmoins bien en cours que ça ne nous étonnerait pas plus que ça !

 L’histoire c’est à Marseille, tiens, on ne s’y attendait pas ! L’héroïne, c’est Amina. Elle veut être président de la République. Peut-être pour donner des papiers à ceux qui, comme elle, n’en ont pas… À ceux qui voudraient bien visiter le vaste monde. En attendant, elle engueule Dieu, auquel elle ne croit pas. Et elle se revendique raciste… alors qu’elle est arabe. Si !

 Il y aura aussi Darwin, et de la BD, et des utopies, et des poèmes, et la mer, la mer, la mer et encore la mer. Ben oui, ça s’appelle quand même Étonnants voyageurs, cette affaire-là ! Si vous êtes dans ce coin là bas, faites-y un tour, ça leur fera plaisir. Vous aussi vous ferez partie de ces voyageurs immobiles, c’est permis, puisqu’il y a un festival rien que pour ça !

brigitte blang