C’était mercredi dernier et nous étions invités à l’avant-première d’un film. De ces films qui racontent une histoire sans fin. De ces histoires que tu as l’impression d’avoir entendues depuis que tu es au monde.
Son titre ? La Promesse de Florange. Le sujet ? Il est dans le titre, justement.
Et il passe demain mardi 16 avril, à 20 heures 40, sur France 5. Ne le loupez sous aucun prétexte.
Ça raconte la lutte des métallos pour garder leur boulot. La lutte de leurs familles, de leurs amis. Leur lutte au quotidien depuis tous ces mois.
Donc, nous sommes allés regarder cela au milieu d’eux, puisqu’aussi bien nous sommes devenus leurs copains depuis 18 mois que ce combat a débuté. Juste à côté de nous, un de leurs soutiens de la première heure : Lavilliers soi-même en personne qui avait fait le déplacement rien que pour eux. Vous avez vu les images ici, et même, vous pouvez les revoir !
Alors, ce film, me direz-vous ?
Comment dire ? Esthétiquement irréprochable. De belles images. De grands moments d’émotion, aussi. Et peut-être pas là où tout le monde va y aller de sa larme. Non, ce qui m’a parlé, s’il faut vous le dire, c’est Lionel. Lionel Burriello de la CGT (tous ceux qui ont vu le meeting de Metz en janvier se souviennent de lui). Lionel tout seul dans son atelier. Puis face caméra, disant l’amour de son travail, la fierté de ce qu’il accomplit là. Mais dont le visage raconte à lui tout seul la tragédie de ce qui se joue ici. Lionel, un petit gars bien fréquentable. Même si lui n’a pas été trop dans la lumière. C’est lui qui m’a fait monter l’eau aux cils. Merci camarade.
Il y a aussi Édouard, bien sûr. Il y a surtout Édouard, devrais-je plutôt dire. C’est vrai que lui, il attire la caméra, et les projos. C’est Édouard, quoi. Mais comment se fait-il que dans notre pays où tout devrait se jouer collectivement, on se retrouve toujours avec des leaders, et que les autres du coup ne comptent pas ? Édouard, c’est mon pote aussi, je ne vais sûrement pas m’en plaindre, mais tous les autres existent, et le sens de leur lutte, c’est dans le collectif qu’il faut le chercher. Mais bon, la réalisatrice, elle avait ses choix, et sa tête d’affiche.
Voilà pour la forme. Voyons voir le fond, à présent.
Politiquement, ce film, il m’a laissé un fichu goût d’inabouti. D’abord et avant tout, la réalisatrice a pris le train en marche, le 24 février 2012, tout de suite après le premier numéro d’équilibriste de Hollande. Celui-là, grimpé sur un camion. Il y en aura d’autres, moins glorieux. Elle rate donc tout le début de l’histoire. Les 6 premiers mois, tout de même. La première prise des Grands Bureaux, des voies de chemin de fer, les premières manifs, aussi. Et surtout les internationales. Tiens, pour la dernière, à Strasbourg, elle aurait dû être là… Dommage.
Et puis surtout, surtout, son film est solférino-compatible. Pas franchement une qualité vu de notre côté de la galaxie !
Montebourg, elle nous le montre comme le pauvre garçon trahi qu’il n’est pas, loin de là. Ou alors, que fait-il encore dans ce gouvernement, s’il n’est responsable de rien ? La scène des croissants apportés aux petites aurores aux métallos qui campent ici depuis 3 jours, alors que -on le saura tout de suite après- il connaît déjà tout des accords signés avec Mittal est tout simplement pathétique. On a honte pour lui… Parce que, franchement, la trahison, on a tous compris où elle se trouve.
Reste l’intention mieux que louable de saluer la lutte de ces garçons. Un très beau film, à l’évidence. Qui a le mérite de montrer la solidarité des travailleurs. En première partie de soirée, à l’heure de la télé-réalité, ce n’est pas si souvent, n’est-ce pas… Un film qui sera suivi par un débat. Mais je vais vous dire, pour ce truc-là, je me suis déjà fait un mot d’excuses. Comme intervenante politique, ils nous ont sorti Catherine Trautmann ! Sans commentaire, merci !
Je vous souhaite à tous une belle soirée télé. Au cœur de la classe ouvrière, qui ces temps-ci ne va pas bien souvent au paradis, vous l’aurez remarqué. Mais qui existe, bon sang, et dont le cœur bat, si fort…
brigitte blang
(photo rémy blang : lionel burriello et bernard lavilliers à Florange le 10 avril)