Contrat d’objectifs et prime fonction résultats : même combat
Au début était le contrat d’objectifs, idée consistant à contractualiser les établissements publics locaux d’enseignement (EPLE) sur 2 ou 3 objectifs, contrat signé avec le Recteur.
Décliné du projet d’établissement, le contrat devait préciser des objectifs dans des actions liées à la spécificité de l’EPLE. Dans l’absolu le concept était intéressant. Il permettait aux équipes pédagogiques de travailler ensemble sur des projets originaux, en phase avec le public scolaire. Une politique d’établissement était définie, avec un pilotage clair et lisible par tous. On affichait à travers des indicateurs une volonté collective de parvenir à de meilleurs résultats, pour le bien des élèves. Vision idyllique et ô combien naïve de cet outil !
Analysé avec plus de lucidité, et au regard des évolutions en cours du service public, la lecture du contrat d’objectifs devient moins agréable.
Proposé de plus en plus comme devant être financé par les dotations propres des établissements, à moyens constants bien sûr, le contrat d’objectifs n’offre plus de moyens supplémentaires aux équipes qui s’investissent. Les crédits finançant les actions, les HSE distribuées, (qui par ailleurs ne sont pas une bonne solution pour rémunérer les enseignants) disparaissent. En ces périodes d’alourdissement des tâches des enseignants, la disparition de ces petits moyens décourage un peu plus ceux qui veulent s’investir plus.
Que devient réellement le contrat d’objectifs ? Quelle place occupe-t-il dans la tempête de réformes en cours ?
Il est clair que l’État veut reprendre le contrôle des établissements et des personnels de direction par l’intermédiaire des services déconcentrés, d’un seul en fait : le rectorat. Quel beau moyen que de contrôler ce qui se passe dans l’EPLE pour pouvoir évaluer seul le contrat d’objectifs.
On peut maintenant le coupler à la prime fonction résultats (PFR). En faisant miroiter aux proviseurs et principaux cette prime, le pouvoir met en place un puissant outil de guidage à distance de l’EPLE. Les objectifs du contrat doivent être réalisés à tout prix sans tenir compte de l’investissement des équipes, et en achetant le chef d’établissement.
Le Recteur contrôle la politique de l’établissement, il demande plus aux personnels avec moins de moyens. En clair on entre un peu plus dans une logique libérale de l’Éducation nationale. Augmenter la productivité et les contrôles, entrer dans une mise en concurrence des établissements publics, renforcer la centralisation : en fait dénouer et déconstruire un peu plus le tissu social en créant des brèches dans la solidarité d’un corps assez fortement syndiqué et puissant qu’est le corps des personnels de direction.
Réduction de la démocratie, attaques contre les syndicats, mise en concurrence : la direction est assez claire, avec à terme des fonctions régaliennes de l’État poussées à un niveau jamais atteint.
Alors devons-nous accepter la PFR et les contractualisations avec le recteur, lui-même nouveau big brother revalorisé par de nouvelles primes ?
La réponse est négative. Personnel d’encadrement, enseignant, d’éducation : nous sommes tous là pour servir le service public et le défendre.
Roland DAUMAS
PG Var
Janvier 2011