SGANARELLE, tenant une tabatière.- Quoi que puisse dire Aristote, et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac, c'est la passion des honnêtes gens; et qui vit sans tabac, n'est pas digne de vivre; non seulement il réjouit, et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner, à droit, et à gauche, partout où l'on se trouve? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens: tant il est vrai, que le tabac inspire des sentiments d'honneur, et de vertu, à tous ceux qui en prennent.
Tout le monde aura ici compris que Jean-Baptiste ne manquait pas d’humour. A quelques heures de la mise définitive au ban de tous les usagers de l’herbe à Nicot, les aficionados de la clope conviviale, on trouve marrant de recadrer un peu le débat éternel des méchants qui sentent pas bon, contre les intégristes de l’air pur. Merci à Poquelin de nous aider à rire quelques instants d’un sujet grave. (Oui oui, nous connaissons les chiffres des morts dus au tabac, mais aussi ceux de la route, et ceux de la bibine, et encore ceux de l’amiante, et on en passe) prs 57