Quelques nouvelles de chez nous.
1er décembre, journée mondiale de lutte contre le SIDA. Du temps que je bossais (mais non, ce n’est pas si vieux, quelques mois à peine !) j’en profitais toujours pour rappeler aux gamins qu’on sort couvert. Ça les faisait bien rigoler, mais dit comme ça, le message passait, enfin, je crois…mais en ce domaine, peut-on jamais savoir ? En tous cas, mes amis, cette année, on va échapper aux pièces jaunes qui nous encombraient les écrans et les gares depuis un bon peu de mois de décembre. À la place, on a eu droit à celle que certaines gazettes nomment la « Présidente ». La Présidente, ils disent ? Tiens, ôtez-moi d’un doute, c’est une fille qui aurait été élue en 2007 ? Ben ça alors ! Ah non, ils ont voulu dire l’épouse du président. Dit comme ça, c’est mieux. La ci-devant top-modèle, elle est embarquée dans la cause anti-SIDA. Respectable, surtout quand on sait que sa famille a payé un fichu tribut à cette saleté de virus. Rien à dire sur le fond. Quant à la forme, ça reste à voir… Dans un premier temps, on nous la montre faisant l’école à son « amoureux » comme elle dit. Elle lui explique comment ça fonctionne, la transmission du VIH de la maman à son petit, tout ça avec son petit air penché, son sourire qu’elle a dû se le répéter des plombes, et c’est drôle, on n’y croit qu’à moitié. D’autant que lui, l’amoureux, il fait une tête comme lui seul sait en faire, la bouche qui se tord, le nez qui remue, je vous promets, ce type s’ennuie. Et puis, enfin, à qui va-t-on faire croire qu’un gars qui a en charge la vie d’un pays ignore ce que n’importe quel gamin de troisième sait à la fin du premier trimestre ? Ils nous refont le coup du « je suis comme vous et ma chérie m’en apprend tous les jours… » À pleurer, encore une fois. Et ce n’est pas tout. Qu’est-ce qu’ils ont tous à se la jouer étatsuniens et l’appeler « la première dame de France » ? First Lady, qu’ils disent là-bas. On veut bien, mais nous, sans être exagérément chauvins, on dit seulement madame Sarkozy, ou même madame Bruni, puisqu’elle a toujours dit qu’elle était une femme libérée. Première dame, je me marre. Ici, sous le régime républicain, de première dame il n’y a point, ni de deuxième, et encore moins de dernière. En quoi elle vaut mieux qu’une autre, madame Carla ? Vous je ne sais pas, mais quand on s’est rebellée toute sa vie contre les classements, les palmarès, entendre des scribouillards commettre de telles c… euh ! âneries, ça donne envie de taper dans l’encrier. Et puis, tiens, puisqu’on parle de presse, ce matin, -une fois n’est pas coutume, j’avais promis de ne plus jamais donner la queue d’un euro pour eux, mais bon…- pour voir ce qu’ils racontaient sur samedi à Saint-Ouen, je prends Libé. Pas déçue du voyage, la camarade ! Vous avez vu le schéma ? Page de droite, en haut, à tout casser quinze lignes, et une photo de Mélenchon. On ne pourra pas dire qu’ils n’en ont pas parlé. À gauche, une pleine page d’un autre rassemblement, celui de Jean-Marie Bockel. Ces deux-là ont quitté le PS, vous me direz. Sauf que dans un cas c’était pour rejoindre Sarko. Non, il faut dire « Monsieur le Président de la République Nicolas Sarkozy ». Faut faire gaffe, d’ici qu’on nous envoie les archers du Roy nous cueillir aux petites aurores, pour cause de lèse-présidence… On ne rigole pas avec la déférence due aux grands de ce monde. Oui, j’ai dit grand, pourquoi vous vous marrez ?
brigitte blang