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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


Au printemps de quoi rêvais-tu ?

Publié par Brigitte Blang sur 25 Avril 2022, 13:57pm

Catégories : #un peu de ciné - de lecture - de culture

Au printemps de quoi rêvais-tu ?

25 avril 1932 fondation du groupe Octobre

Avant de donner son nom à des écoles, et de voir son œuvre éditée en papier bible dans la Pléiade, Prévert était plutôt du côté des agitateurs de conscience ! Dès les années 20 avec une bande de lurons de sa trempe il imagine un théâtre en prise directe avec l’air du temps. L’air d’un monde en crise où la culture répond aux révoltes ouvrières en chantant, en jouant les problèmes de ceux qu’il espère toucher : les travailleurs, les gens du peuple. Un vrai théâtre populaire : la Fédération du théâtre ouvrier de France. C’est ainsi qu’en avril 1932, le Groupe Octobre (grande référence, quinze ans à peine après l’octobre russe) se crée autour de cette unique volonté : intervenir dans le champ politique et social.

Ce qui intéresse les membres du groupe, ce n’est pas tant le théâtre ou la chanson comme finalités, mais plutôt comme outils au service de la révolution portée par les textes interprétés. Une sorte d’agit-prop dans son sens premier… Il s’agit surtout de faire savoir que la culture n’est pas réservée à l’élite bourgeoise, mais qu’au contraire, à travers un spectacle et par la magie des mots d’un grand auteur, la classe ouvrière peut s’emparer des thèmes que portent ses combats. En un mot, le théâtre doit subvertir, ou ne pas être.

Dès qu’un mouvement social pointe, le groupe se déplace. On joue dans les usines, dans les magasins. Prévert écrit au jour le jour, au fil de l’actualité. Des mots simples, mais qui visent juste, qui touchent le cœur de cible assumé : le public ouvrier. Les spectacles montrent des prolétaires aux prises avec la police, les patrons. Le succès est immense. Et énerve un peu la bourgeoisie ! Bien des années plus tard, Maurice Baquet, un des piliers de la troupe, dira qu’ils ne voulaient que « répandre du bonheur, rendre la vie plus légère ».

Le Front Populaire arrive. Les luttes sociales s’installent et font reculer le patronat. Pas de gaieté de cœur, bien sûr ! Mais les acquis sont maintenant ancrés dans la culture ouvrière.

En juillet la belle histoire du Groupe Octobre finit. Les temps se sont durcis. Même si l’enthousiasme n’est pas vaincu, la guerre d’Espagne a séparé les bons amis. Les uns ont rejoint les Brigades. Pas les autres… Et de toute façon, l’heure n’est plus aux chansons. On entend gronder les fascismes aux frontières.

Mais le temps de quelques printemps, ils auront décliné de grands mots : camarade, partage, révolution. Des mots joyeux, qui veulent croire au grand soir. Par la force invincible de la jeunesse et de l’art.

brigitte blang

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