Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


1er juin 1899 : la grande grève du Creusot.

Publié par Brigitte Blang sur 31 Mai 2019, 23:23pm

Catégories : #histoire et histoires

1er juin 1899 : la grande grève du Creusot.

Dès le 19ème siècle, le patronat s’assure l’attachement des ouvriers par un paternalisme bien ordonné. En Lorraine les De Wendel, au Creusot les Schneider tiennent les usines, mais aussi la vie des travailleurs. Rien n’échappe à leur main de fer. L’école, les magasins, l’église et même la mort sont soumis au patron. Tout ceci sous couvert d’améliorer le niveau de vie des salariés. Au Creusot, les marchands d’armes que sont les Schneider sont souverains.

Depuis 1884, les syndicats ont le droit de cité. Mais cantonnés hors de l’usine ou de l’atelier. C’est pour avoir le droit d’exister dans l’entreprise que ce que les historiens nomment « la bataille du Creusot » va commencer.

Le Creusot, plus grand site industriel français emploie 13000 ouvriers, soumis au patron tout-puissant. Et les idées progressistes s’y répandent vite. L’écho des milliers de grèves qui naissent partout en France y résonne plus fort qu’ailleurs. La classe ouvrière prend conscience de sa force, malgré la répression qui abat les tentatives d’émancipation les unes après les autres.

Le 1er juin 1899 LA grande grève éclate. Schneider n’en revient pas ! Comment ? Comment osent-ils, avec tout ce qu’on leur offre de confort et de sécurité, comment osent-ils désobéir ? Ce ne peut, à coup sûr, qu’être l’œuvre de dangereux agitateurs socialistes. Et en effet, les soutiens vont se succéder : Millerand, Briand, Jaurès, qui vont populariser le mouvement social. Le maître de forges cède. Pour peu de temps. La parole donnée, déjà, ne vaut que pour ceux qui l’ont crue. Très vite les accords sont dénoncés et les sanctions déferlent sur les meneurs.

Montceau-les-Mines et Gueugnon rejoignent Le Creusot. Les femmes prennent la tête de grandes marches. Le gouvernement tente de calmer le jeu. On approche de l’Exposition universelle et cette agitation pourrait faire mauvais genre face aux délégations venues du monde entier. Un compromis est conclu, qui autorise les « délégués d’ateliers ». On est loin de la section syndicale d’entreprise ! Schneider en profitera pour s’appuyer sur la première version d’un « syndicat jaune ». Comme la couleur du local qui lui est attribué ! La délation prend corps dans l’usine et les dirigeants CGT sont poussés au départ.

La grande grève du Creusot est peut-être un échec. Pour autant, comment nier que grâce à elle la reconnaissance des sections syndicales en entreprise vit le jour… en 1968. Et la trace qu’elle a laissée dans les consciences ouvrières est, à jamais, indélébile.

Brigitte Blang

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents