16 novembre 1938 : fin de la Bataille de l’Èbre
Depuis juillet 1936, deux longues années de guerre se trainent en Espagne. Le camp franquiste ne cède rien. Les nations « amies », ou qui devraient l’être, temporisent, hésitent à porter aux Républicains l’aide naturelle qu’il attend. Il n’ya que les volontaires des Brigades internationales pour relever le front des tenants de la liberté et de l’honneur. En revanche, tout ce que l’Europe compte de fascisme livre des armes aux nationalistes.
C’est en Terra Alta que s’écrit l’un des chapitres les plus meurtriers de la Guerre civile. Il eut lieu dans la basse vallée de l’Èbre, durant 115 jours. Les Républicains y livrèrent leur dernière offensive d’envergure. Mais celle-ci est un échec stratégique, après lequel l’issue du conflit ne fait guère de doute.
Dès le début de 1938, l’armée républicaine multiplie les défaites. Teruel, le Pays basque, Vinaros tombent les uns après les autres. Le POUM se meurt gangréné par les luttes intestines. La décision est prise par le commandant des troupes légales de faire diversion en attaquant les nationalistes basés sur la rive droite de l’Èbre, fleuve impétueux et réputé infranchissable. Le premier ministre Negrin tente ainsi d’attirer l’attention des opinions étrangères et de leur prouver que Franco n’a pas encore gagné.
L’armée républicaine rassemble 80000 hommes sur les rives et prend l’avantage, grâce à l’effet réussi de la surprise. Mais cela ne va pas durer. Les Messerschmidt pilonnent. Et les armes promises par les pays supposés amis sont arrêtées en France. Face aux armes allemandes et italiennes, des gosses de 18 ans, la « mobilisation biberon », ne font pas le poids, malgré une détermination farouche. Enterrés dans des abris, brigadistes et soldats tiennent la tranchée. Plus de trois mois ils vont résister aux assauts des franquistes. Lesquels, plus nombreux, mieux équipés, peuvent reprendre souffle.
Le 14 novembre, les nationalistes essaient d’encercler l’armée de la République, pensant que ce sera chose aisée, en quelques heures. Mais un millier de soldats tiennent tête deux jours durant. Le front tombe le 16 novembre.
C’est ici que « sonne le glas » de la République, avec cette terrible défaite, prémonitoire de la suite des événements. Le glas aussi des Brigades internationales, sous le regard fuyant d’une Europe sinon complice, du moins bien compromise.
En 115 jours, 90000 hommes ont laissé la vie. C’est pour eux qu’a été créée, dans cette montagne sauvage une Route de la Paix. Un chemin tracé pour ne rien oublier et donner une chance à la paix et à la solidarité. Si vous passez par là, prenez ce sentier, vous entendrez monter le refrain :
« Rumba la rumba la rum bam bam, Ay Carmela Ay Carmela ! »
Fredonnez-le, il est le symbole de l’espoir éternel de tous les esprits libres sur les tyrannies.
Brigitte Blang