Ça se passe comme ça dans nos campagnes profondes.
C'est un village au fin fond de la Moselle. Kirviller. 133 habitants. Dont quelques-uns d'âge scolaire, bien sûr. Parmi ceux-ci, Tom, 9 ans, dont l'école de rattachement se situe à 4 ou 5 km de là.
Jusqu'à présent, un bus scolaire ramassait les enfants du village. Depuis la rentrée, les petits sont moins de 5. Et on a supprimé le bus !
Dans ce village, Tom n'est pas le seul dans son cas. D’autres parents ont trouvé des solutions, plus ou moins boiteuses, en faisant appel à la bonne volonté des voisins, des amis, des grands-parents. Mais les parents de Tom, eux, n'ont ni famille à proximité, ni copains dans cette localité où ils sont installés depuis peu de temps. Ils travaillent tous les deux hors de la localité et leurs horaires les empêchent d'amener leur garçon à l'école chaque jour, à des heures correctes et vivables pour un garçon de 9 ans. De toute façon, ils se refusent à utiliser des bouts de ficelle pour obéir à la loi. Et comme ils ont raison ! Et comme on les comprend !
N'est-ce pas à l'État de prendre en charge les élèves ? Aux communes de leur fournir gratuitement les moyens de répondre à l'obligation scolaire ? Au lieu de proposer à cette famille d'affréter un taxi moyennant une subvention (qui au passage ne couvrira pas la totalité des frais occasionnés) !
Sollicité, le Conseil départemental botte en touche : « les dotations de l'État sont en baisse. On ne peut pas maintenir cette ligne. » a-t-il été sèchement répondu. Autre argument de poids : on ne peut pas demander à tous les contribuables de Moselle de financer un service de ramassage scolaire pour 5 élèves dans une commune ! Ah bon ? En revanche, personne ne semble gêné que les impôts de tous les Mosellans servent bel et bien à payer les officiers du culte dans ce département...
Scandales à répétition. Scandaleux qu’un service public obligatoire de surcroît ne soit pas assuré en tous lieux du territoire. Scandaleux que les parents n’aient été avertis de ce changement qu’à la fin du mois d’août. Scandaleux qu’une assemblée départementale ne propose qu’une solution financière à un problème éminemment moral.
Est-ce ainsi que nous nous proposons de bâtir la France de demain ? En dérogeant d’emblée aux principes d’égalité scolaire des enfants ?
Sans être passéistes, ne pouvons-nous pas, dans ce cas précis, regretter le temps des classes uniques où chaque enfant pouvait bénéficier des services de l’École de la République, sans se lever à 6 heures du matin pour disposer d’un transport extravagant ?
Les parents de Tom, quel que soit leur choix, pourront compter sur le soutien plein et entier du Parti de Gauche et de sa commission Éducation.
Brigitte Blang