Il y a sept ans disparaissait Lucie Aubrac.
J’avais écrit ces quelques lignes, souvenirs d’une journée comme on en rêve. Souvenir d’une des très grandes rencontres de ma vie, avec celle de son époux, quelques années plus tard. Raymond Aubrac, à qui je disais que ma petite fille s’appelait Lucie, me répondit : « Un si beau prénom ! Symbole de lumière… Rêvez pour elle qu’elle soit une aussi belle personne que la mienne ! »
Après ça, j’ai souvent dédié mes interventions de campagne à ces deux Lucie-là… Allez savoir pourquoi.
C’était le 8 mai 2001.
Nous étions en voyage à Paris avec des élèves, des troisièmes. Jean-Pierre Masseret, alors ministre des Anciens Combattants du gouvernement de Lionel Jospin, nous avait invitées aux cérémonies, à l’Arc de Triomphe, puis au ministère. Les gamines étaient aux anges. Ce soir-là, elles avaient eu droit à une coupe de champagne, sous les dorures de la République, un grand moment ! Mais, ce soir-là, aussi, elles ont rencontré une grande dame, qu’elles ne connaissaient que par un film. Ce soir-là, elles ont rencontré le courage, le sens du mot engagement, le sens du mot « Résistance », le sens du mot Liberté, le sens du mot honneur. Ce soir-là, elles ont entendu une vieille dame leur faire passer LE message d’espoir et de respect. Jean-Pierre avait bâti son discours sur la rencontre de ces douze adolescentes avec un symbole vivant. Il avait parlé de passage, elle avait répondu en souhaitant que ces gamines n’aient jamais à s’engager dans ce même combat, pour cause de paix et de justice, universelles et définitives. Ce soir-là, nous sommes rentrées à la nuit tombée, avec au cœur le sentiment d’avoir croisé l’Histoire. Ce soir-là, Lucie Aubrac était, pour toujours, infiniment plus belle que Carole Bouquet.
Au revoir Madame. Et merci.
brigitte blang