Discours de François Mitterrand le 8 mars 1982
« L’exigence de dignité : elle prête parfois à sourire, elle est l’objet de bien des sarcasmes. C’est pourtant celle que les femmes ressentent le plus profondément. Par exemple, jusqu’à ne plus tolérer que l’on propage d’elles, depuis le livre scolaire, parfois jusqu’aux murs de nos villes, une image tronquée. Comme si elles n’étaient qu’auxiliaires domestiques ou simple objet de désir, sorte de marchandise. Elles entendent être reconnues dans la plénitude de leur personnalité. Elles veulent pouvoir assurer simultanément et sans ressentir de culpabilité leurs responsabilités familiales, leur vie sexuelle, leurs tâches professionnelles, leurs activités sociales, leur vie civique. Les femmes ne supportent pas non plus le fait d’être les victimes privilégiées de la violence, et souvent d’une violence qui ne veut pas dire son nom. Elles récusent une société dans laquelle le viol, par exemple, pour avoir été autrefois érigé en droit du conquérant, resterait marqué de je ne sais quelle excuse.
Ceux qui se sont battus pour les libertés, les républicains, les démocrates, les socialistes, savent que la liberté de chacun s’arrête là où commence celle d’autrui : c’est ce qu’on appelle la tolérance. Au nom de cette tolérance, nous nous sommes dotés, dans notre pays, d’une loi antiraciste. Pourquoi n’y aurait-il pas, et cela sera proposé, une loi antisexiste ? Il ne faut pas faire ou exagérer la comparaison. Mais enfin, si elle sert à permettre à des associations régulièrement déclarées et qui ont cet objectif dans leurs statuts, de se constituer en cas de provocation à la discrimination, d’injures, diffamations, de refus du droit d’une personne ou d’un groupe en raison de leur sexe, cette proposition de loi pour ce projet de loi verra le jour. »