Comme nous l’avions promis hier, au sujet de ce qui se passe à Dieuze, voici la lettre que le Parti de Gauche a fait parvenir au Préfet de Région.
Monsieur le Préfet de Région
Préfet de Moselle
BP 77014
57034 METZ CEDEX 1
Monsieur le Préfet,
Membre du Bureau national du Parti de Gauche, je me permets ici de vous faire part de la colère qui nous a saisis à la lecture de nouvelles en provenance de la ville de Dieuze.
Ainsi donc, voilà une ville qui décide, par la voix de ses élus locaux, de refuser l’accueil et l’asile à des familles venues de loin, pensant qu’elles trouveraient, en la patrie des Droits de l’Homme, le moyen de se garantir contre les violences auxquelles elles sont confrontées dans leurs pays d’origine.
Encouragée par des édiles bien peu soucieux de fraternité et d’humanisme, une partie de la population de Dieuze s’est donc mobilisée pour refuser l’accueil à ces personnes. Pourtant, les places d’hébergement ne manquent pas à Dieuze. Nous connaissons la situation de cette ville, mise bien à mal par le départ récent d’un régiment cantonné en ce lieu. Pour autant cela suffit-il à expliquer que des habitants s’en prennent, par avance, aux réfugiés censés venir occuper des logements libérés par les parachutistes ? Cela suffit-il à dédouaner un édile de ses manquements à la vérité et à son devoir d’élu ?
En n’apportant pas à ses administrés les éléments minimum à la compréhension de ce dossier, le maire de Dieuze a déclenché le désordre dans sa commune. Il a par ailleurs gravement manqué à la tradition d’accueil et de solidarité dont s’enorgueillit à juste titre notre pays, la France. Les mots prononcés par le premier magistrat sonnent étrangement aux oreilles des démocrates que nous sommes et qui se réclament des valeurs de partage et de solidarité héritées du Siècle des Lumières.
Vous n’êtes pas sans connaître, Monsieur le Préfet, la situation de terrible précarité de ces familles. Et lorsqu’enfin, une solution est envisagée, il se trouve encore des élus de la République pour clamer leur refus aux cris de « On n’en veut pas ! ».
La mémoire ne devrait-elle pas être ici plus vigilante encore qu’en tout autre territoire de notre nation ? La Moselle ne s’est-elle pas construite par ces apports successifs, d’hommes et de femmes venus d’ailleurs ? Il n’est que d’arpenter les allées de ses cimetières pour s’en convaincre. Les noms y chantent l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Pologne, l’Afrique du Nord. La Moselle, c’est cette histoire-là. Et c’est aussi cette histoire qui aurait dû nous apprendre à nous méfier des instincts de repli sur soi, de rejet de l’autre. Ceux-ci qui arrivent cette fois nous sont différents à leur tour. Ils ont bien souvent quitté terre, patrie, famille, au prix de tant de souffrances et de chagrins. Qui pourra nous faire croire que ces pauvres gens nous menacent ?
Le maire d’une commune n’est-il pas le seul garant de la quiétude de sa ville ? Comment dès lors accepter qu’il soit objectivement le fauteur de désordre dans celle-ci, en induisant une manifestation teintée de haine et de xénophobie ?
Le Bureau national du Parti de Gauche, et son comité en Moselle, se déclarent ici solidaires de tous ceux qui, démocrates, républicains, militants des Droits de l’Homme, défenseurs de l’Humain en général et en particulier, se sont opposés à cette démonstration de haine caractérisée.
En vous priant de recevoir ici nos salutations respectueuses et républicaines, nous vous demandons solennellement, Monsieur le Préfet de Région, de bien vouloir prendre toute disposition tendant à rappeler aux fomenteurs de ces troubles déshonorants leurs devoirs républicains.
À Sarralbe le 23 octobre 2012
Pour le Bureau national du Parti de Gauche
Pour le comité de Moselle du Parti de Gauche
Brigitte Blang
Dessin de J. Heirman