La colère, ça me va bien au teint, parait-il…
Alors, ces jours-ci, c’est vous dire si je suis dans mes petits souliers.
Déjà, l’élection étatsunienne. Oui, j’ai décidé que tous, ils me fatiguent à dire l’Amérique en parlant des USA. Comme s’il n’y avait que celle-ci, d’Amérique. Il n’y a rien au Sud ? Argentine, Venezuela, Uruguay ? Tous ces pays-là, c’est où ? Des semaines durant, on nous a rebattu nos pauvres oreilles des Américains, et de leur président… Stop ! Au point que l’autre matin, en allumant la radio, je me suis dit : Ouf ! Une bonne chose de faite ! Vous imaginez si ça avait été l’autre ? 3 semaines encore à détailler sa vie, sa femme, ses gamins, ses études, et tout le tremblement. Là, nous voilà tranquilles, pour Obama, on avait donné il y a 4 ans, on sait tout, tout, tout et même l’inutile. Ils ne vont pas remettre le couvert. C’est toujours ça de gagné ! Et puis, ces infos qui n’en sont pas et qui dégoulinent de bons sentiments. « Je ne t’ai jamais autant aimée ! », qu’il lui a dit à sa belle. On est contents pour elle. Mais devant des millions de téléspectateurs, ça sent un peu l’ostentation, non ? Vous vous imaginez, vous, en train de faire ce genre de déclaration à votre amour comme ça ? Dans la série intimité, on a vu mieux ! Bon, le revoilà aux manettes, et nous, on est tout contents que ça s’arrête !
En attendant, ils ont eu Sandy, les USA, qu’on nous a dit dans tous les postes de la galaxie. Ah ça, aux USA, ça a marché fort l’événement Sandy ! Paraitrait même que ça a fait un mal de chien à la campagne électorale et aux arpenteurs de bitume, qui n’ont pas pu courir le marathon ces jours-là. C’est moche, ça… Il y en a d’autres, à qui ça n’a pas fait que du bien, le phénomène Sandy. Les Haïtiens et les Cubains. Figurez-vous que l’ouragan en question est passé par chez eux aussi. Vous en avez beaucoup entendu parler, vous ? Par ici, pas trop. Alors, on s’est renseigné, parce que s’il faut compter sur la télé pour nous informer… Et on a appris qu’à Cuba, il y a eu 11 morts. Et à Haïti, plus de 50. On vous l’avait dit ? Quant aux cultures dévastées, aux habitations en ruine, aux troupeaux décimés, aux réserves d’eau polluées et à l’épidémie de choléra qui s’annonce… Silence radio !
Il y a des pays, comme ça, on dirait qu’il y a au-dessus d’eux une espèce de nuage noir qui flotte. Prenez Haïti. Juste avant Sandy, ils avaient eu Isaac. Et deux ans avant, c’était le tremblement de terre. Ces pays-là, on ne nous en dit rien. En revanche, on sait le prix de la robe de « Michèle » et la date de son mariage avec le chef des chefs. C’est chez eux qu’on est allés chercher cette chose qui nous fait bien rigoler, mais qui nous énerve comme pas possible : la première dame. La première dame, c’est un truc, avant Sarkozy, on n’en avait pas chez nous. Maintenant si. Avant, le président, il avait une épouse, plus ou moins sympa, ou potiche ou même entreprenante ou carrément engagée, mais personne n’aurait eu le mauvais goût d’appeler madame Mitterrand la « première dame ». Je crois bien qu’elle nous aurait rit au nez ! Maintenant, on a cette chose. La fille qui dort avec le chef de l’État, elle a droit à un mot pour elle toute seule. Ça ne vous fait pas penser à quelque chose comme première épouse, ou première concubine, pendant qu’on y est ?
Et puis là, depuis deux jours, on nous parle beaucoup toubibs. On a même eu droit à la télé à deux gars, bien médiatiques comme il faut. Debré et Cimes. Ces deux-là sont fâchés tout plein. Les méchants rouges (oui, c’est comme ça qu’on les désigne, les gens du PS… Qu’est-ce que ça aurait été si nous étions arrivés aux commandes… !) en veulent à leur fiche de paie dites donc ! Vous je ne sais pas, mais moi, la fiche de paie d’un toubib, j’en veux bien ! Eux, ils ne veulent pas entendre parler de stopper les dépassements d’honoraires. Tu m’étonnes ! Debré, samedi soir, m’a fait avaler de travers. Pour expliquer pourquoi il ne fallait pas toucher à la liberté pour un médecin de s’installer où il veut, il a eu une démonstration imparable. Voilà, nous a-t-il dit, si vous obligez ce gars à aller exercer à, allez au hasard, Freyming-Merlebach ou Niederstinzel, ça va tellement l’ennuyer qu’il en deviendra dépressif et qu’il soignera mal les gens. Attends, monsieur le grand professeur, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne pour les jeunes enseignants ? Je crois bien que si. Suivant son raisonnement, si on ne te nomme pas où tu veux, tu fais mal ton boulot. Et dans le cas d’un médecin, ça peut être grave. Oui, et… ? Et rien. En résumé, on ne touche à rien. Les déserts médicaux ont de beaux jours devant eux et les dépassements d’honoraires aussi.
Tiens, à ce propos, il y en a un qui n’est pas, mais alors pas du tout d’accord avec cette grève. C’est Pelloux. Il explique, lui, qu’il vaudrait mieux augmenter les salaires des aides soignantes, des infirmières, des assistantes sociales que de laisser des pontes se faire 2 millions d’euros de dépassements à l’hôpital public ! Il est bien, ce garçon, non ?
brigitte blang
(dessin de Na !)