On révisait la leçon de géo du lendemain. À la radio, ça a fait comme ça: « France Inter, il est 18 heures. » Et tout de suite derrière, on a entendu les premières lignes de la Supplique pour être enterré à la plage de Sète. On s'est regardées. Et j'ai dû dire Oh ! Non ! ou quelque chose qui rimerait avec, en trois lettres aussi ! Oui, il était parti comme ça, entre la Bretagne et le Midi, on ne savait pas trop bien, on se disait juste que ça allait faire un sacré vide dans notre Panthéon… On s'est assis sur le tapis et on a ressorti toute la collection de vieilles galettes, y compris « Brassens chante pour les enfants ». On s'est souvenus… Il y a toujours une de ses chansons qui va avec un bout de nos vies, oui ? On a refait le film de ce soir d'octobre, en 72, à Bobino. Il nous avait invités dans sa loge, avec les copains, un GRAND moment. Et les années-ado, et les années-révolte (même si Léo, ça le faisait mieux pour ces choses-là), et les années-amour (même si Brel, etc. etc.)… En ce moment, plutôt la Ballade des cimetières, c'est de saison. Mais on a joué aussi les Passantes… C'est toujours marrant ça, autour d'une table: « C'est laquelle, ta préférée de Brassens ? ». Moi, je crois bien que c'est Saturne, sûrement pour le grain de sel dans tes cheveux… Et vous ? Si vous commencez à chercher, vous allez voir, c'est curieux, vous finirez toujours par vous mettre à fredonner. Après tout, pas si mal, ces jours-ci ! Car, on s'en souvient, Le temps ne fait rien à l'affaire…
brigitte blang